Keita / Berçot
C’est, je crois bien, la première fois que les deux joueurs se rencontraient.
En coupe de France, dans les rencontres Nice-Paris, André Berçot avait souvent souhaité être opposé à Keita. Mais, à chaque fois, le sort prévenait cette rencontre. De même, la première fois que Keita a participé au CDF, Berçot n’y était pas.
Et ils inaugurent leurs confrontation par une partie hollandaise, manifestement recherchée par Keita et acceptée avec empressement par Berot dans ce qui constitue la variante la plus confrontationnelle, débouchant souvent sur une complexité inouie !
Un régal donc !
Auteur d’un livre épuisé sur ce thème, c’est J.-P. Dubois qui devrait faire un commentaire approfondi de cette partie.
Et si la partie est très belle, je pense que Berçot a dû être très déçu car Keita a joué sur un registre que Berçot connaît particulièrement.
Mais à vrai dire, Keita aussi semble connaître la musique car il a réagit au gambit exactement comme il faut pour quiconque ne souhaite pas s’embarquer dans l’inconnu ! Les amateurs de partie Roozenburg connaissent les autres réactions possibles à ce gambit, par exemple :
1°) on peut préparer des combinaisons réalistes comme le coup renversé (24-20 précédé par 27-22) ou expérimentales comme on en voit dans un thème que Scholma ou Heusden (je ne me rappelle pas bien) avait extraodinairement réussi contre Dibman, une dame par prise majoritaire (avec une grosse différence de pions, attention !).
2°) On peut aussi accepter le pourrissement de la situation ; les blancs choissisent le moment d’un contre-gambit qu’ils espèrent réaliser ; ou ils laissent les noirs passer une pièce en 31 et les blancs font le pari de l’échange qui leur permet de reconstituer une défense par échange 38-47 en conservant leur pièce 19 avancés ou laissent filer carrément en 36 en conservant le pion d’avance ….
Des amateurs d’étude comme Berçot et Keita ont sans doute bouquiné dessus. Et je puis dire, à voir la manière dont la partie s’est déroulée, que Keita ne pensait pas que Berçot chercherait à prendre la partie à son compte à ce point. Du coup, il est contrait de chercher intelligemment la porte de sortie.
Voici le premier moment de décision, les blancs viennent de jouer 16. 33-28.
Dans une perpective traditionnelle, on prépare un échange 2X2 pour reprendre récupérer immédiatement sa pièce.
Berçot fait un gambit en jouant 16. 12-17.
Ce gambit qui a eu son heure de succès en NL implique une volonté d’en découdre dans des conditions complexes.
Rendons-nous directement au 25e temps, trait au blancs dans une position qu’ils ont préparée en deux temps.
Les blancs jouent donc 25. 19-14 suivi par 26. 29-23 et rétablissent leur situation avec une position néanmoins légèrement inférieure comme l’a indiqué l’analyse de G.T, puisqu’ils abandonnent l’initiative aux blancs.
Au total, une très belle partie.
Bravo !