Monnet/Delmotte : partie ouverte et "temps"

Par faustek – le 05/05/07 à 15h20Divers

Il y a eu de très bonnes parties durant cette coupe de France.

J’ai regroupé les parties les plus intéressantes en deux groupes : le premier groupe comprend des parties inétéressantes qu’il faut regarder sans modération, quel que soit le résultat par ailleurs. Elle sont source de pédagogie et parfois d’émerveillement. De plus, elles sont marquées par une qualité qui manquait au jeu en France : le réalisme (pas l’ennui, le réalisme).

J.-P. Mayinda / D Kouassi
G. Vanhoute /L. Nicault
J.-L Praaud / N. Guibert
D. Kouassi / L. Nicault :
O. Lognon / F. Ndonzi

Le second groupe comprend des parties belles ou intérasantes, mais des parties qui se terminent par une bourde ou un suicide.

A. Villaeys/ C. Dusart
J. Hannachi / G. Vanhoute
M. Kouamé / P. Loncke
P. Martin / M. Lemaire
P. Monnet T. Delmotte
F. Voland / J. Braskamp
Prezwoniak / Ndonzi


La partie qui suit appartient au second lot : P. Monnet T. Delmotte (0/2)





Elle est très intéressante pour illustrer le thème des temps d’avance dans les parties ouvertes. On peut y voir comment on peu se «suicider » en acceptant de concéder trop d’avance à son adversaire.


1°) C’est la rencontre entre deux tempéraments lutteurs. Je m’attendais donc à un choc frontal permamenent. Et c’est vraiment ainsi que commence la partie. Mais elle évolue très vite car, en réalité, Delmotte va jouer très finement alors que Monnet va commettre des erreurs stratégiques et psychologiques insensibles isolément, certes. Mais qui mises bout à bout vont expliquer le résultat.

J’insiste sur ce point : dans certaines parties, on loupe un moment crucial, on ne voit pas une combi ou on s’engage dans une route que l’on ne connaît pas … On explique alors facilement le résultat. Dans d’autres parties, c’est une lente digestion qui explique le résultat. Identifier forces et faibleses est alors plus dificicile


2°) Voyons d’abord les aspects psychologiques de la parties. L’ouverture est très dure. Mais ensuite, Monnet manque de patience dans l’occupation du damier. Il ya trop de chevauchées solitaires de pièces qui finissent systématiquement par être pionnées par Delmotte, faisant ainsi pedre à Monnet entre 10 et 13 temps à l’entame du 33e temps.

Oui, d’accord. On sent que Monnet essaye de garder le plus grand nombre de pièces hors engagement afin de pouvoir orienter la partie avec force le moment venu. Il expédie donc des éclaireurs pour tater le terrain comme du 18e au 22e temps car il sait que Delmotte aime les parties décisives.

Mais, cette fois-ci, ce sera à qui sera le plus fin. Et le plus fin est clairement Delmotte : il ne fera pas ce que Monnet attend !


3°) Au plan technique, on ne note pas de déséquilibre marqué. Et, c’est vrai, même si l’orientation générale de la partie de Monnet est faible en termes de temps d’avance, cela peut aussi être un choix. On peut réagir par un contre-jeu, par exemple en fixant une position. On peut aussi défendre comme le fit très bien G. Jansen face à Tchisov au dernier mundial d’Amsterdam.

On joue alors avec le feu.

Pour illustrer ces deux ppossibilités et les difficultés d’appréciation, prenons le 33e temps de cette partie.

Voici la position, trait aux blancs.




Il n’y aucun danger immédiat de quelque nature que ce soit.

Il y a en revanche, redisons-le, trop de retard en temps pour les blancs. Il faut donc refaire ce retard en temps ou durcir la partie en immobilisant des pièces noires. Or Monnet va choisir une série de coup qui montre qu’il sous-estime la faiblesse de sa position. Il va accepter de perdre des temps supplémentaires ! et n efait rien pour repousser les noirs ou pour les fixer.

33. 40-34 ?


Je n’aime pas ce coup. Il ne sert à rien, sauf à attendre, à un moment où il ne faut plus attendre. Je pense que 33. 37-32 aurait été plus sain. Ce choix aurait permis de construire lentement une flèche d’attaque sur le flanc droit des blancs ou aurait permis d’échanger 2X2 si les noirs tentaient de réagir par 17-22. Ici, il faudrait se battre pour le terrain !

A la rigueur, le choix 33. 40-34 me semble acceptable si on veut durcir la partie en provoquant un enchaînement qui neutralisera les temps d’avance. On va voir que ce n’est pas ce que va faire Pierre Monnet.

33. …. 17-22

Il s’agit d’un mouvement des noirs ultra-prévisibles. Les noirs invitent les blancs à reculer un peu plus !

Remettons un diagramme.



34. 37-32 ??


Les blancs accceptent encore de reculer ?! Du coup ils perdent le bénéfice de la chevauchée qui avait conduit leur pion en 27. Et, surtout, désormais, il joue carrément dans leur surface de réparation qu’il n’y a plus beacoup de matériel pour constituer des lignes de pionnages aptes à renverser les temps d’avance.

Je pense qu’il y avait pour les blancs une occasion de bloquer la partie en jouant carrément 34. 37-31. Oui, je sais, si on n’est pas habitué à ce type de position de voltige, on n’improvise pas cela dans une partie. Ok. Mais alors pourquoi ne pas avoir défendu auparavant la position en jouant 33. 37-32 au lieu de 33. 40-34, sachant que le mouvement noir 17-22 était hautement prévisible ?

Du coup, la moindre approximation des blancs peut devenir mortelle.

Rendons-nous au 38e temps.

Encore un diagramme pour illustrer les choses. Trait aux blancs.



Les blancs sont écrasés dans leur camps ; il s n’ont aucune possibilité de manœuvre sur leur gauche. Du coup, leur pion 30 acquière une grande importance en position de fort. Il faut donc songer à le maintenir en position coûte que coûte.

38. 44-39 ??

C’est un suicide pur et simple !

Il aurait mieux valu jouer 38. 44-40 afin de seconder le pion 30 qui permet de garder un minimum d’espace vital pour les blancs. Le choix de la partie abandonne la position du pion 30 et entasse les pions blancs les uns sur les autres sans pour autant constituer de ligne de pionnage. Et tout cela survient à un moment où les blancs n’ont plus de jeu.



38. …. 20-24 !

Les noirs viennent de faire le choix qui s’imposait pour conclure une partie déjà très avantageuse. Désormais la partie est perdue, il suffira de verrouiller le centre par 39. …. 18-23. sauf très grosse bourde. Il n’existe plus aucune possiblité de jeu ou de contre-jeu.

La suite est une exécution pure et simple. Elle est intéressante pour apprécier la maîtrise de T. Delmotte qui ne referme son filet sans laisser la moindre chance à son adversaire. Je vousinvite à dérouler la partie entièrement.

Cela semble facile ! Ca ne l'est pas.

Réponses

Par HONTARREDEpascal – le 05/05/07 à 23h32

Deux remarques :
1/ les blancs avaient à leur disposition une combinaison de remise au 33e temps par 33-29, 27-22 et 47-41.
2/ La -seule- faute sérieuse de la partie est 38. 44-39.
Il fallait jouer 44-40. Possible est 20-24 40-35 18-23 avec le plan 43-38 et la montée du pion 49 à 34.