Salut tous,
Sur le plan technique, la ronde 8 ressemble un peu à la ronde 4 : vraiment pas terrible. Comme la ronde 4, elle se déroule lors d'un pic de température. La tentation est alors forte de chercher là un lien de cause à effet.
Une seule partie, Beyaert/ Vanhoute, se joue sans faute notable. Toutes les autres présentent des fautes stratégiques + ou - importantes. Cela est dommage dans la mesure où des parties comme Arendo/ Martin, Dusart/Cordier ou Lognon/Delmotte sont réellement belles et intéressantes. Mais ces fautes importantes les dégradent sérieusement.
Je vous propose un panorama des fautes les plus instructives, laissant de côté celles qui sont trop manifestement liées aux céphalées estivales.
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Arendo / Martin (1/1) – Ici, la beauté de la partie est atténuée par le festival de fautes mutuelles. Arendo fait pratiquement cadeau de la partie à Martin qui, à son tour, un peu comme un renvoi d'ascenseur, décide de rendre la pareil, estimant sans doute qu'il ne serait pas bien de gagner dans de telles conditions.
Les choses avaient pourtant très bien commencé, sur un 32-28-18-23 + 38-32, l'une ouvertures de ceux qui veulent en découdre. Une des ouvertures estimées par Ton. Un Arendo bourré de vitamine C joue l'attaquant tous azimuts et multiplie les provocations, Martin faisant le gros dos, essayant de laissant passer l'orage.
Et puis, soudainement, au 38e temps, les blagues commencent.
DIAG

Trait aux blancs
38.33-28 ??
Réellement, quel peut être le sens de ce mouvement ?
Pour couper court, autant le dire, c'est le genre de choses à éviter. Tout le monde en Nationale et les 4/5e des gens en Excellence, les ¾ en Honneur aurait plutôt choisi de construite de solides lignes de pionnage par 38. 48-43 (après un bon TH). Et ce n'est pas une question de goût. En partant de ce choix étrange, les blancs n'ont plus qu'une seule perspective : perdre ou réussir une remise miraculeuse. Ce pion 28 asphyxie trois ou quatre pion blancs derrière, supprime toute mobilité, toute ligne de pionnage et offre aux noirs qui n'en demandait pas tant une tranquillité magique sur vingt temps au moins (le seul souci désormais est de ne pas lâcher le poisson).
Martin va donc dérouler tranquillement jusqu'au 57e temps, trait aux noirs. Dans l'intervalle, les blancs ont donné un pion pour pouvoir simplement continuer à respirer, sans aucun début de commencement de compensation.
DIAG

Trait aux blancs
57.34-40 ??
Patrick, d'accord, tu ne peux plus jouer le titre mais pourquoi refuser de gagner sur une fin de partie standard ? De plus, tu as déjà un pion d'avance. Quand aux dangers possibles sur la masse de tes pièces 7-11-17-12, tu disposes de de temps d'avance. Rends le pion par 35-40 thématique (en défense comme en attaque)et ton adversaire tendra la main immédiatement.
Et les leçons de Damy ?
Dommage, car la partie est réellement belle.
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Dusart / Cordier (0/2)
La réputation de Cordier a sans doute pesé sur la partie plus que la canicule.
Après avoir tenu le coup jusqu'au 26e temps, on découvre brusquement un Dusart terrorisé par les provocations et attaques de Cordier.
DIAG.

Trait aux blancs
26. 37-32 X 42 ?
On se trouve dans une position de semi-taquin; il y a encore treize pions sur le damier dans une partie très souple de part et d'autre, une partie ouverte. Il est difficile de voir la physionomie qu'aura la partie à la sortie . Que l'on ait un esprit défensif ou que l'on soit ambitieux, dans ces parties ouvertes, il faut s'assurer un minimum de prise sur le terrain : ne reculer qu'exceptionnellement, ou prendre son côté. Autrement dit, si on ne peut pas pionner pour avancer, il y a peut-être autre chose. Et il y avait autre chose : 29-24 suivi en principe de 40-35, puis essayer de tenir ce bastion quoi que fasse les noir.
Après cet échange très faible, Dusart va ajouter un autre échange faible par une mauvaise manoeuvre à compter du 30e temps.
DIAG.

Trait aux blancs
30.30-25 ?
Cette manoeuvre annonce un autre repli que les noirs vont autoriser. Ils auront bientôt 7 temps d'avance, c'est trop.
Une fois de plus, la moindre des choses pour les blancs aurait été de se construire au moins un embryon de contre-jeu, 40-35 + 29-24 (pas inversement pour éviter l'échange 13-19 avec avancée du pion 19 en 23). A laisser tout le damier à l'adversaire, on se condamne à des à plan type résistance dans le réduit breton.
Certes, on peut se dire que Dusart joue de malchance sur sa combinaison défensive en fin de partie. Mais je suis sûr que Cordier l'avait vue. En effet, à ce moment où ça sent terriblement le roussi, il ne restait plus que l'espoir d'une fuite miraculeuse par la fenêtre pour les blancs, avec un chemin relativement facile à prévoir pour enlever l'échelle.
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Lognon/ Delmotte (1/1)
C'était bien sûr la partie du jour. Le titre aurait pu se jouer. Delmotte a abordé cette partie d'une manière particulièrement professionnelle : il sait qu'il est en tête, poursuivi par deux pisteurs déterminés. Ce n'est pas à lui de faire le jeu, il tient la corde. En cas de remise, il conserve la tête quel que soit le résultat de Cordier. Ensuite, il lui restera des adversaires moins dangereux.
Alors Delmotte rase tout ce qui dépasse, tout, mais sans concéder le moindre arpent de terrain.
Lorsque l'on peut considérer qu'il n'y a plus vraiment d'enjeu dans la partie, au 30 e temps, un Oscar sans doute exaspéré par le refus de jouer de Lognon commence à jouer de manière fautive.
DIAG

Trait aux blancs
30.42-37 ?
D'accord les deux meilleurs choix logiques auraient entraîné une réaction d'échange de Delmotte que ce soit 27-22 (sans doute 11-17) ou 39-34 (certainement 24-30). Mais est-ce une raison pour choisir un coup si visiblement faible ? Quand il n'y a rien dans une partie, c'est pas grave, il faut accepter la remise.
Or, dans le diagramme, il y a déjà un problème de mobilité de la pièce 36. Il n'y a aucun avenir dans cette direction pour le pion 42 qui ne fait qu'ajouter à la lourdeur par 42-37. Il faut absolument que Lognon étudie les parties dans lesquelles il commet cette faute de structure faisant perdre toute mobilité à la masse de pions 27-32-36-37 (en blanc) ou 15-14-19-24 (avec les noirs) comme récemment face à Kalmakov ou face à Pim Meurs. Ce genre de faute peut amplement faire perdre une partie dans le haut niveau. Ndjofang a pu le vérifier face à un jeune Malien inconnu au bataillon durant le championnat d'Afrique : défaite brutale (dans un thème apparenté impliquant la mobilité d'une masse de pions). En championnat du monde, les joueurs les moins ambitieux seront, pour la plupart, plus forts que Thierry. Cela signifie qu'une approximation comme celle-là risque d'être sanctionnée immanquablement.
Il s'agit réellement de fautes structurelles puisqu'au 31e temps, Oscar joue :
30. ...... 21-26
DIAG

Trait aux blancs
31.48-42 ?
Je pense que Thierry sent qu'il a désormais l'avanatge. Il se précipite un peu en jouant 24-29 pour essayer d'immobiliser cette masse qui lui est offerte. C'est bien pensé. Mais la réalisation aurait été sans doute meilleure avec 14-20X20.
Et que dire du 36e temps blanc ?
DIAG

Trait aux blancs
36.36-31 ?
Pourquoi un tel choix ? Bien sûr, Delmotte saute sur l'occasion et joue 13-18.
Ensuite, de mon point de vue, Les noirs jouent les coups qu'il faut pour gagner. Peut-être à la fin aurait-il fallu prévoir un crochet ? Mais position supérieure ne rime pas forcément avec gain.