Record nombre de coups avant conversion gagnante

Par Gérard TAILLE – le 15/03/13 à 15h41Technique

Bonjour,

Voyant les miniatures que vous a proposées Arnaud, miniatures qui nécessitent une longue manoeuvre sans conversion (uniquement des coups de dames et sans prises) je vous livre à titre de pure curiosité le record en nombre de coups avant conversion gagnante pour la base de données à 8 pièces. Ce record est impressionnant : 74 coups!!!
On est donc bien au-delà de la règle des 25 coups ce qui n'est pas bien grave car une telle position est complètement hors des capacités humaines. Je connais trois positions avec ce record. En voilà une:

Trait aux blancs


Comme il est hors de question que vous cherchiez un tel problème je vous donne directement une solution optimale:

1.06-33 13-08 2.12-18 08-19 3.39-50 19-35 4.18-01 35-30 5.33-42 30-48
6.42-26 48-25 7.26-48 25-20 8.50-33 20-14 9.48-25 14-37 10.01-12 37-32
11.12-26 32-19 12.33-44 02-16 13.25-48 19-10 14.44-22 10-19 15.26-12 19-10
16.22-33 16-02 17.48-26 10-04 18.12-23 04-27 19.26-48 27-09 20.48-25 09-27
21.33-42 02-35 22.23-01 35-02 23.42-31 27-32 24.25-20 02-35 25.20-15 32-14
26.01-06 35-02 27.31-48 14-32 28.06-50 32-27 29.15-04 27-32 30.48-25 32-37
31.04-15 37-32 32.50-22 32-49 33.22-28 49-21 34.28-46 21-12 35.25-34 12-26
36.46-14 26-21 37.14-23 21-27 38.34-40 27-09 39.40-49 09-25 40.23-18 02-35
41.18-04 35-02 42.04-31 25-48 43.31-18 48-25 44.49-16 02-19 45.18-27 19-35
46.27-04 35-02 47.04-31 25-48 48.31-18 02-35 49.18-23 48-25 50.23-05 35-02
51.05-46 02-35 52.16-49 25-39 53.46-14 39-06 54.14-23 06-01 55.49-21 01-06
56.21-26 06-11 57.26-48 11-02 58.48-43 02-16 59.43-49 16-02 60.15-04 02-30
61.23-01 30-25 62.04-31 35-02 63.49-16 02-35 64.01-06 25-48 65.31-04 48-25
66.04-27 35-02 67.27-31 25-48 68.31-26 48-25 69.06-50 25-14 70.26-31 14-46
71.31-27 02-08 72.16-02 08-26 73.27-38 26-48 74.02-35 46-05 75.29-24 (enfin) B+

et avec une suite qui reste toujours très obscure car les blancs sont encore très très loin des 5 dames !!!

Amitiés
Gérard

Réponses (12)

Par Arnaud CORDIER – le 15/03/13 à 16h01

Ce ballet de dames n'a humainement parlant strictement aucun sens... Je n'ai aucun doute que les logiciels savent pourquoi ils font cela, mais c'est même tellement compliqué que j'ai perdu le fil rien qu'en déroulant la série de coups :-)

C'est en raison de la grande mobilité des dames (qui augmente considérablement le nombre de coups) que la résolution du jeu n'est pas pour demain.
Contrairement aux exemples de Julien (l'othello, où le nombre de coup est fini (30 coups blancs, 30 coups noirs) et les checkers, où la dame est nettement plus restreinte, et je ne parle pas des pions), rien que les bases de données à 8 pièces nécéssitent des mois de calculs avec des PC bien plus puissants que ce que le commun dispose à la maison. A ma connaissance, il n'existe pas de base complète à 9 pièces ou bien sûr au-delà (question de taille de stockage). Alors la base à 40 pièces (début du jeu) est encore loin...

AC

Par Gérard TAILLE – le 15/03/13 à 16h28

A propos des checkers le vocable "jeu résolu" me paraît une tromperie. Il a "simplement" été démontré que la position intiale était théoriquement nulle.
En d'autres termes le meilleur programme de checkers ne perdra jamais une partie mais cela ne signifie absolument pas que ce programme soit capable de gagner si son adversaire fait une erreur.
Dans un tournoi rassemblant les tous meilleurs joueurs du monde ce programme peut très bien ne terminer qu'au milieu du tableau car il n'aura fait que des nulles!
En plus de cela, si vous lui présentez une position pratique prise au hasard il ne sera absolument pas capable de vous dire s'il peut ou non imposer la nulle car cette position ne fait sans doute pas partie de l'arbre de jeu qu'il jouerait lui-même à partir de la position initiale.

Pour moi un programme qui aurait réellement résolu le jeu est un programme qui pourrait donner le résultat de n'importe quelle position ce qui est complètement différent.

En résumé je suis d'accord pour dire qu'il a été démontré que la position initiale est nulle (ce qui en soit est un résultat remarquable) mais je ne suis pas d'accord du tout pour dire que le jeu de checkers a été résolu.

Amitiés
Gérard

Par SiropErable – le 15/03/13 à 22h19

Bonsoir,

Si les meilleurs coups sont joués
Les parties Othello,Abalone, echecs et les dames ne sont-elles toujours remise?

J'en suis moins persuadé pour le GO.

Cdlt

Par Gérard TAILLE – le 15/03/13 à 22h39

Bonsoir SiropErable

Pour Othello j'en doute fort, pour les échecs et les dames j'en suis intimement persuadé mais une conviction n'a jamais été une certitude.
Abalone connaît pas.
Pour le GO c'est très différent. Quand on pratique un komi de 4,5 points il ne peut pas y avoir de nulle en règles chinoises et avec les règles japonaises on peut avoir très très exceptionnellement une nulle sur triple ko ou mannen ko. Pour les non initiés les positions triple ko ou mannen ko sont équivalentes pour les dames à des navettes. En règle chinoise comme on n'a pas le droit de reproduire deux fois la même position sans perdre la partie ces navettes ne peuvent pas exister. En règle japonaise c'est un cas de nulle.

Amitiés
Gérard

Par FAUCHER – le 22/03/13 à 12h38

Je suis tombé sur un article écrit par un maître de conférences de Paris 13.
bizarre, tout de même ! Qu'en pense Gérard ?

http://www.math.univ-paris13.fr/~rittaud/Dames.pdf

Par Gérard TAILLE – le 22/03/13 à 13h10

Bonjour Stephane,

Il ne s'agit pas du jeu de dames international mais des checkers.
L'article me paraît bon à l'exception de l'affirmation suivante à la fin de l'article:
Les travaux de J. Schaeffer permettent de disposer désormais d’un logiciel capable de jouer au mieux aux dames, c’est-à-dire qui est rigoureusement imbattable, et qui gagne contre tout adversaire commettant au moins une erreur

C'est vrai que le logiciel est rigourensement imbattable mais je doute qu'il gagne contre contre tout adversaire faisant une erreur.
Quand à affirmer qu'il est capable de jouer au mieux aux dames cela n'engage que l'auteur de l'article. Je n'y connais rien aux checkers mais je vois bien que si je voulais démontrer que je ne peux jamais perdre aux dames internationales je jouerais de manière à simplifier le jeu à outrance en pionnant (intelligemment!) tout ce qui bouge. Ce n'est pas ce que j'appelle jouer aux mieux aux dames.

Il reste que le fond de l'article est le fait d'avoir démontrer rigoureusement que la position initiale est nulle ce qui est un résultat informatique en soi remarquable.
Pour la pratique par contre l'intérêt me paraît très limité.

Pour le jeu de dames international on a l'intuition depuis depuis le début du jeu que la position initiale est théoriquement nulle et je ne pense pas que cela change grand chose de savoir que cela a ou non été rigoureusement démontré.

Amitiés
Gérard

Par julien007 – le 15/03/13 à 23h06

Permettez-moi de ne pas être tout-à-fait d’accord.

Pour démontrer que le position initiale est nulle, il convient de prouver que, quelles que soient les réponses de noir, blanc est en mesure d'assurer la nulle ! Cela suppose donc, sinon d'avoir inventorié l’ensemble des ramifications de l’arbre des possibilités, d’avoir démontré que certaines d’entre-elles sont irrémédiablement dominées et peuvent donc être écartées...

Quant à réaliser un programme mettant en œuvre cette stratégie du jeu de Dames assurant au moins la nullité, c’est évidemment une autre question, sinon résolue, du moins en mesure de l'être.

La résolution de cette question, somme toute subsidiaire, ne serait d'ailleurs pas facilitée, si de surcroît, elle devait couvrir la résolution des problèmes issus des positions exhibées, sans aucun rapport avec le jeu de Dames traditionnel. Gardons-nous d’assimiler celles-ci à des positions pratiques prises au hasard !

À cet égard, deux dernières remarques :
1/- la grande mobilité des Dames est toute relative, elle est limitée par la règle de la prise maximale en présence de prise et ne dépasse jamais 19 cases dans le cas contraire (comparable à celle des échecs 20 possibilités initiales et sensiblement autant lors des finales fou cavalier par exemple),
2/- Même si cela peut permettre d’avancer, en attaquant le problème par les deux bouts, la résolution du jeu ne passe pas nécessairement par l’étude exhaustive des (j'allais dire innombrables) multiples finales éventuelles comportant de nombreuses dames accompagnées ou non de plusieurs pions, les parties de l'Open International de Cannes 2013 se terminent d’ailleurs avec un nombre restreint de dames...

Distinguons donc, d'abord, la démonstration de l'existence d'une stratégie de résolution du jeu de celle de la construction d'un programme la mettant en œuvre, ensuite celle de la résolution du jeu, de celle de la résolution de tous les problèmes susceptibles d'être posés avec le matériel du jeu de Dames.

Par Gérard TAILLE – le 16/03/13 à 00h07

Bonjour Julien,

Je n'ai pas compris avec qui ou avec quoi tu n'es pas d'accord.

Je vois que nous sommes d'accord sur le fond et en partcicuier qu'il faut bien distinguer:
1) Démontrer que la position initiale est nulle (c'est ce qui a été fait pour les checkers)
2) Avoir un programme qui assure la nulle contre toute stratégie
3) Avoir un programme qui donne le résultat de n'importe quelle position
sur la grosse diférence qu'il y a entre démontrer que la position est nulle

Ceci dit il faut bien comprendre qu'un programme qui serait capable d'assurer la nulle serait en fait un très mauvais programme dont personne ne voudrait car il est évident qu'un tel programme pionnerait systématiquement tout ce qui bouge afin d'arriver le plus rapidement possible à cette nulle. En ce sens en dehors de la satisfaction intellectuelle de faire un programme difficile je ne vois pas trop l'intérêt. Dans Damy quand je suis dans une situation ou la nulle est complétement démontrée j'essaye (ce n'est pas facile du tout!) de trouver des coups qui pourraient piéger mon adversaire et j'évite autant que faire se peut de faire des échanges simplificateurs prouvant la nulle.

Sur la notion de position pratique prise au hasard, pour moi c'est simplement une position du style (je n'ai pas trouver mieux comme définition) de toutes celles qui ont déjà été rencontrées en partie réelle. Cela exclut donc quantité de positions exotiques qui font le bonheur des problémistes et des amoureux des combinaisons les plus diaboliques.

Il y a un point qui m'interpèle dans ton discours: bien qu'un programme assurant la nulle ne m'intéresse pas beaucoup, j'aimerais bien savoir ce qui te fait dire qu'un programme mettant en œuvre cette stratégie existe ou du moins est en mesure d'exister ?

Amitiés
Gérard

Par julien007 – le 16/03/13 à 05h11

Démontrer que la position initiale est nulle veut dire que quelles que soient les qualités de blanc, il ne peut qu'assurer une partie nulle devant un jouer parfait. Mais la propriété caractéristique de la stratégie optimale à mettre en oeuvre par les deux joueurs, tient au fait que tout joueur qui s'en écarte ne peut que réduire son gain. Un programme qui mettrait en œuvre cette stratégie irait donc bien au delà de l'assurance de la nulle devant un joueur humain.

La théorie des jeux nous enseigne l'existence de cette stratégie sur tous les jeux à deux joueurs, à somme nulle (les gains de l'un sont les pertes de l'autre) et à information complète (les positions sont parfaitement connues des deux joueurs) se déroulant sur un graphe (des positions ou sommets reliés par des arcs définis par la règle du jeu) sans cycles. Les Échecs, les Dames (avec des règles limitant les situations répétitives), l'Othello, le Go et bien d'autres sont donc des jeux qui seront c'est démontré résolus un jour ou l'autre...

Autrement dit, il existe pour tous ces jeux une stratégie optimale assurant soit le gain, la nulle ou la perte pour le joueur ayant le trait initial.

Résoudre le jeu signifie donc avoir, d'une manière ou d'une autre, complètement inventorié l'arbre des possibilités pour s'assurer que l'adversaire ne pouvait pas faire mieux. Cela suppose donc que l'on dispose des moyens d'apporter cette démonstration pour toutes les situations susceptibles d'être rencontrées au cours d'une partie. De là à mettre en œuvre un programme, il n'y a qu'un pas dont le franchissement devrait être accompli très rapidement compte tenu du rythme des progrès récents (voir par exemple cette page).


Ceci n'a aucun rapport avec le comportement des programme qui, non susceptibles d'aller voir loin dans l'arbre des possibilités, s'en remettent, fautes d'indicateurs stratégiques plus pertinents, à des fonctions d'évaluations basées sur des nombre de prises ou de pions restants pour préférer des gains à courte vue tant qu'il avancent à dans le noir...

Mais, des progrès conséquents ont été accomplis (des jeux comme l'Othello ont mis à jour l'intérêt de notions telles que les degrés de liberté des joueurs) et plus généralement les fonctions d'évaluations et méthodes ont beaucoup évolué ces dernières années, les programmes sont maintenant capables, comme les humains (qu'ils imitent avec des bibliothèques d'ouvertures), de repérer des situations pseudo-cycliques comme dans la partie de Douvres.

Maintenant, s'il est à craindre qu'une machine joue mieux que les humains dans quelques années, et que des jeux comme les Échecs ou les Dames perdent un peu de leur mystérieux attraits (comme les femmes voilées ?), il est peu probable que la stratégie optimale puissent être exhibée aisément. Sa complexité ne pourrait donc être rendue intelligible que par les grands maîtres ou experts qui seuls sauront nous éclairer sur les lignes directrices et stratégies mises en œuvre...

Bien à vous.

Par Stéphane – le 16/03/13 à 00h42

Il y a en fait trois types de jeux "résolus" d'après la page wikipedia citée par julien007 :

les jeux dits "très faiblement résolus", le 1er coup des blancs donne le gain (ou la nulle, ou la perte) si les deux joueurs jouent le meilleur coup à chaque fois.

les jeux dits "faiblement résolus", où il existe une stratégie qui assure le gain pour l'un des deux joueurs, ou la nulle, à partir de la position initiale (en gros, il existe une partie "idéale") : c'est le cas des checkers.

les jeux dits "fortement résolus", comme précédemment, mais à partir de n'importe quelle position donnée : exemple, le puissance 4.


Au passage, et sauf erreur de ma part, les positions au jeu de dames international avec 8 pièces sont entièrement résolues, il faudrait donc mettre à jour cette page wikipedia qui s'arrête à 7 :)
http://en.wikipedia.org/wiki/Solved_game#Partially_solved_games


SG

Par Gérard TAILLE – le 16/03/13 à 01h22

Bonsoir,

Concernant les bases de données de fin de partie à 8 pièces ou plus du jeu de dames international la situation est la suivante:

Kingsrow a les bases de données complètes 4x4 et 5x3 et quelques bases de données partielles à 9 pièces
Dragon a les bases de données complètes 4x4 et 5x3
Damy a les bases de données complètes 4x4, 5x3 et 6x2

Personne à ma connaisance n'a construit la base de données 7x1 tout simplement parce que personne n'a vu l'intérêt de cette base.

Donc, à l'exception de la base marginale 7x1, les positions à 8 pièces sont résolues.

Pour information il y a environ 20 000 milliards de positions à 8 pièces et la base de données correspondante (bien compressée!) prend environ 400 Go.

Amitiés
Gérard

Par Stéphane – le 17/03/13 à 15h00

Merci pour ces précisions Gérard.

SG