Open de Montpellier : deux fragments analysés par J.-M. Ndjofang, GMI

Par Stéphane – le 06/11/25 à 22h52Analyses

L'open de Montpellier a vu la participation de pas moins de 3 GMI et un MI cette année, ce qui a fait dire à Serge Wastiau lors de la remise des prix qu'il s'agissait certainement d'une des éditions les plus relevées de l'histoire de ce tournoi.
J'ai eu l'occasion (et la chance) d'assister à l'analyse de deux fragments de parties par le GMI Camerounais Jean-Marc Ndjofang. Je retransmets ici de mémoire ces commentaires, en espérant ne pas les avoir trop dénaturés. Bien entendu les contributions et les commentaires des utilisateurs de ce forum sont attendus, en particulier les personnes directement concernées :)

Commençons par la partie entre Luc Guinard (Blancs) et Jean-Marc Ndjofang (5e ronde).

Ce qui est intéressant, c'est que Jean-Marc ne délivre pas des variantes à rallonge, mais comme Arnaud l'a déjà fait dans l'analyse de sa partie (Open de Montpellier : une analyse), donne plutôt des plans de jeux et des idées stratégiques.
Voyons comment ici il raisonne pour poursuivre avec les Noirs.

54e temps, trait aux noirs

Les Noirs doivent faire un choix entre 54. ... 18-22 et 54. ...18-23 et il ne reste que 2 minutes à la pendule ; il faut donc réfléchir, et vite.
Jean-Marc calcule vite la variante 54. .. 18-23 55. 26-21 29-34 56. 21x32 34x43 57. 38x49 28x37 58.30-24 23-29 59. 24x33 37-41 60. 33-28 41-46 61. 28-22 46-23 62. 22-17 et en déduit qu'il sera difficile pour les Noirs de gagner (en réalité le gain (unique) existe après 62. ... 23-28! 63. 16-11 7x16 64. 17-12 28-17!! etc.)
Il va donc chercher un coup qui mène peut-être à la remise, mais qui va être difficile à trouver pour les Blancs, qui sont eux aussi très pris à la pendule.

54. ... 18-22(!)
55. 38-33?

Comme je l'ai déjà écrit sur ce forum, le jeu de dames est une histoire de choix... Luc pouvait annuler en choisissant le bon sacrifice par 55. 39-34! 29x40 56. 30-24 40-44 57. 24-20 etc.
Mais le choix de Luc semble équivalent, non ??

55. ... 29x38
56. 30-24 38-42!
57. 24-20

Luc n'a pas vu le piège tendu par Jean-Marc...

57. ... 28-33!!
Et les Blancs abandonnent sans attendre 58. 39x17 42-48 59. 20x9 27-31 60. 26x37 48x14 N+

Réponses (6)

Par Stéphane – le 06/11/25 à 23h24

Le deuxième fragment commenté par Jean-Marc concerne la partie entre Arnaud Cordier (Blancs) et Michel Emolo lors de l'ultime ronde.
Notons que Michel réalise un très bon tournoi en finissant 7e.

45e temps, trait aux noirs

45. ... 19-23(?)

Pas le meilleur coup. Les Noirs ont un pion à 35, et dans ce cas il n'est pas conseillé d'aller au centre. Le salut des Noirs est vers les bandes où il pourront trouver un peu d'air !
Une variante possible est :
45. ... 10-15
46. 48-43 14-20
47. 33-28 20-24
48. 39-33 15-20
49. 43-39 20-25
50. 31-26 18-23

et nous arrivons au diagramme A suivant :

Diagramme A, trait aux blancs

dans lequel les Noirs ont des chances de remise car ils ont encore de l'espace pour jouer.

46. 48-43!
Un coup menaçant (34-30 suivi de 33-29) qui force les Noirs à prendre une (mauvaise) décision :

46. ... 14-19?
La faute décisive. Seul 46. ... 13-19 permet de se maintenir en essayant d'amener une position similaire à celle du diagramme précédent.

47. 33-28! verrouille l'aile droite des Noirs.
47. ... 10-14
48. 43-38 14-20
49. 38-33 20-24
50. 31-26


Diagramme B, trait aux noirs

La différence avec le diagramme A saute aux yeux : le pion 18 n'est pas à la bonne place !! Il est coincé au centre, et ne sert plus à rien.
Les Noirs sont mats, il doivent sacrifier un pion sans compensation et abandonneront quelques coups plus tard.

Par Arnaud CORDIER – le 07/11/25 à 07h16

Bonjour Stéphane,

J'ai corrigé la numérotation dans ton deuxième message.
Pour en revenir à ton diagramme final :

Trait aux noirs


Tu écris :
Les Noirs sont mats, il doivent sacrifier un pion sans compensation et abandonneront quelques coups plus tard.

Ce serait plutôt : Les noirs sont mats. Ils doivent sacrifier deux pions sans compensation et abandonneront après pas mal de coups superflus.
Ceci dit, ça n'enlève rien à la très belle prestation de Michel dans cette partie et dans le tournoi en général.

Par Dominique T. – le 12/11/25 à 11h51

Bonjour Stephane ,

19-23 ? me paraît une affirmation un peu rapide.
C' est un coup correct . Il occupe la case 23 centrale .

De plus il est difficile d'entendre que les noirs doivent se diriger vers les ailes ? En fait 10-15 , dans la variante que tu préconises , a pour but d'amener le pion en 24.

Par contre au temps suivant sur 48-43 , il est impératif de fermer la case 19 pour contrer le 2 pour 3 . Les noirs ont le choix entre 13-19 et 14-19 . Le quel choisir ? Pourquoi ?

14-19 ? après 33-28 seul le pion 15 est mobile. Il reste 3 temps à jouer 10-14 ou15 , 14 ou 15-20 , 20-24 .

13-19 laisse une plus grande liberté 5 coups de liberté . 14->20->24 , 15->20->25 .
Notons qu'après 18-43 les blancs n'ont que 4 coups libres 33-28, 31-26, 43-38 , 38 ou 39-33 +- suivi de 44-40 pionage en arrière.

Donc 13-19 semble meilleur .
45. … 19-23
46. 48-43 13-19
47. 33-28 A noter ici que 33-28 s'impose. Surtout 31-26 offre une porte de sortie aux noirs . 17-22 suivi du 2 pour 2 petit avantage noir . 28-23 22x31 26x37 16-21 au moins remise

… 14-20 et la partie continue
Dominique Thiney

Trait aux blancs

Par Stéphane – le 12/11/25 à 18h14

Salut Dominique et merci de réagir au sujet.

Je précise tout de suite que l'affirmation selon laquelle 45. ... 19-23(?) n'est pas le meilleur coup est de Jean-Marc. Celui-ci va d'ailleurs plus loin en affirmant que c'est une faute, et que dans ce type de position ouverte avec un pion à 35 il vaut mieux (dans un premier temps) éviter d'occuper la case 23 et aller vers les ailes. Je n'ai pas plus d'information à ce sujet, mais on peut en discuter (j'avais d'ailleurs mis le point d'interrogation entre parenthèses). Peut-être des joueurs plus aguerris peuvent développer ?

Ensuite je suis d'accord avec toi qu'il fallait jouer 46. ... 13-19. Je n'ai volontairement pas développé les variantes après ce coup, Arnaud m'en a montré une qu'il avait calculée pendant sa partie mais je ne m'en rappelais plus pour être honnête, je sais juste qu'il y avait un genre de coup de la bombe à un moment donné :)
Merci aussi pour les explications sur la différence entre 14-19 et 13-19 (les coups de liberté), il faut admettre que cela manquait dans mon post précédent.

Stéphane

Par Arnaud CORDIER – le 12/11/25 à 19h01

Hello,

@Stéphane
Tu a écrit dans le premier post :
Ce qui est intéressant, c'est que Jean-Marc ne délivre pas des variantes à rallonge, mais comme Arnaud l'a déjà fait dans l'analyse de sa partie (Open de Montpellier : une analyse), donne plutôt des plans de jeux et des idées stratégiques.

Mais les deux fragments donnés (Guinard - Ndjofang et Cordier - Emolo) sont ceux qui justement demandent de profonds calculs (et précis) pour éviter de passer à côté de quelque chose.

Concernant le fragment de ma partie.
Trait aux noirs


Le coup (19-23) est parfaitement jouable MAIS il nécessite de calculer avec soin TOUTES les variantes qui en découlent.
Et c’est là que les trois minutes consacrées par Michel sont sans doute insuffisantes, et que cette décision est discutable.
De mon côté, je passais presque un quart d’heure sur mon coup suivant, le 48-43, essayant de trouver les suites les plus prometteuses.

La réponse de Michel, (14-19), jouée en 15 secondes est cette fois un non sens total. Je viens de passer quinze minutes, c’est que j’ai calculé des trucs. Répondre en quinze secondes, c’est presque suicidaire.

@Dominique
A noter qu’après donc (19-23) 48-43 (13-19), se limiter aux seuls mouvements de liberté est simpliste dans cette position.
Il y a tout un tas de variantes à considérer. Avec des coups à jouer dans un ordre précis.

Par exemple 43-38 (17-22) 44-40 (35x44) 39x50 il faut avoir calculé (14-20)* 31-26 (22x31) 26x37 (16-21)* 37-31 (21-26)* 31-27 (19-24)* 34-30 (24x35) 33-28 (18-22) 27x29 (26-31) =
Ou encore 33-28 (10-15) ? 31-26 (14-20) 43-38 (20-24) 27-22 (18x27) 32x12 (23x43) 39x48 B+
Ou 33-28 (14-20) 31-26 (20-24) 39-33 (10-14) 43-38 (14-20) 34-29 (23x34) 27-21 (16x27) 32x25 avec trois pions d’avance, et une fin qu’il fallait évaluer correctement (depuis le 19-23 normalement) mais qui donne la nulle si bien jouée.
Ou 33-28 (14-20) 31-26 (20-24) 43-38 (24-29) 34-30 (35x24) 27-21 etc avec un coup de la bombe qui ne donne malheureusement que la nulle.

Bref, beaucoup de variantes à calculer ici, car il n’y a pas vraiment de plan de jeu pour les noirs, juste choisir une suite qui ne perd pas par combinaison ou position.

Un fragment à l’opposé du postulat initial.
:-)

Par Stéphane – le 14/11/25 à 13h39

Bonjour,

@Arnaud

Alors je me suis sans doute mal exprimé.
Dans la partie Guinard - Ndjofang je voulais insister sur la façon dont Jean-Marc a dû choisir entre deux coups, en n'ayant pas le temps justement de calculer toutes les variantes, pour choisir celle qui va le plus mettre en difficulté l'adversaire (ou lui tendre une crasse comme c'est le cas ici).
Dans ta partie contre Emolo, c'est plus le coup 19-23 que le coup suivant 13-19 qui intéressait Jean-Marc. Comme tu l'as écrit, il est sans doute jouable mais avec grande précision. Il vaut mieux donc choisir un autre coup qui donne un jeu "plus facile" (avec de gros guillemets) comme 10-15 ou 14-20 avec plus de liberté.

A propos du coup 13-19, tu écrit que raisonner avec les temps de liberté est simpliste dans cette position ; sans doute et tu l'as d'ailleurs illustré par quelques variantes, mais si on n'a pas le temps (ou la capacité) de tout calculer, cela peut quand même être un critère pour choisir entre 13-19 et 14-19 non ?

Stéphane