Il s'agit sans doute la partie décisive de la première éditin de ce tournoi.
Elle présente des développements intéressants entre deux adversaires qui se connaissent pourtant et débouche sur un gain convaincant.
La partie commence de manière giga classique par 32-28 /19-23X23.
Mais ensuite, elle devient très animée et, parfois trompeuse.
Très vite, suivant ce qui tend à devenir sa marque de fabrique quand il est en forme, Chr. Retière choisit un chatoyant jeu d'attaque : pion taquin d'abord, pion central avancé en case 28 ensuite.
Luc Crevat, c'est une tendance nouvelle chez lui, décide de jouer à partir du milieu dela partie un jeu d'encerclement délibéré qu'il durcit au 21e temps par 42-37, acceptant de concéder à son adversaire une large présence au centre.
Du coup, retière avec les noirs décide de bétonner derrière son pion avancé en regroupant rapidement du matériel. Mais, comme cela arrive parfois quand on prend l'initiative, les prévisions peuvent buter sur des détails contrariants, ou sur des menaces légères au départ mais qui acquièrent une force grandissante ensuite.
Prenons la position au 35e temps, trait aux blancs
Trait aux blancs
Dans une perspective de gain, le choix est très difficile pour les blancs.
1°) Traditionnelllement, on joue 39-34, intrduisant une double menace :
- menace de coup par 27-22 suivi de 38-33 ou suivi de 32-28 (les crochets blancs permettent de ne pas tenir compte de l'éphemère dame noire); inconvénient, les choses sont trop visibles et risquent de pousser les noirs à choisir les meilleurs coups pour détruire et comme les blancs n'ont pas beacoup de moyens de temporiser...
- menace d'encerclement très dur des pions 29,24,23 et 19, même dans l'hypothèse d'une petite destruction par réaction 28-33
2°) On peut aussi pionner par 40-34X34. En cas d'attaque 24-29, on gagne un temps pour attaque le pion 28 en jouant 49-43. L'ensemble des échanges permet aux blancs de dominer au centre en gagnant des temps. Mais ce choix laisse très peu de matériel sur le damier. Il peut néanmoins préparer un gain à la Tchizof.
3°) Crevat choisit de jouer un coup que je pensais contestable :
35. 27-21 ?!
C'est bien un coup fort. Il interdit la montée 11-17, interdit la montée 13-18 et met à terme la pression sur le pion noir 28 en permettant de faire avancer les pièces 31 et 36!
Et voici désormais la position
Trait aux blancs
Plusieurs bonnes réactions existent et la suite que Retière trouve est correcte jusqu'à la faute ou aux fautes qu'il commet et qui permettent une dame au 43e temps.
Voici la situation qui est un exellent thème d'étude !
trait aux noirs que jouez-vous sachant que votre pion 28 est menacé en même temps que vous êtes exposé à un coup de dame ou à un débordement ?
Trait aux noirs
La défense classique du pion avancée dans cette position est la prise majoritaire ! Une fois que vous avez fait cette connection, vous préparez ladite prise majoritaire : elle vous évite les problème de contre-temps de l'idée du pionnage 23-29 après l'attaque éventuelle du pion 28 et permet le remontée de l'ensemble de votre dispositif.
Et que faire en pratique pour préparer cette prise majoritaire ? Il faut jouer 43. .... 24-29. Après les échanges, on joue 14-20 et du coup, si l'adversaire imprudent croit que l'on s'est résigné et attaque le pion 28, booooum !
Mais alors, pourquoi au début vous ai-je dit qu'il s'agissait d'une victoire convaincante ?
Pour la bonne raison d'abord qu'il est parfois de mettre en pratique un schéma que l'on connaî, à cause des parasites. Mais aussi parce qu'il faut voir le déroulement de la partie. Les provocations et menaces fatiguent l'adversaire et ce qui peut paraître une faute plus ou moins directe est en réalité la simple conséquenec logique d'une fatigue liée à la suite de coups données.
Ce que l'on appelle la pression !
A titre, personnel, j'avais trouvé inadmissible les réactions de Domchev contre Podolski dans le dernier mundial, face à une série de provocations techniquement faibles de Podolski. Mais plusieurs joueurs m'ont justement fait remarquer que la valeur de ces provocations était d'abord mentale, psychologique. Et que de surcroît je ne les trouvais faibles que parce qu'elle coincidaient avec des positions que j'aime bien !
J'ai donc revisé mon jugement et retenu cette partie comme l'une des plus belle du dernier mundial.
C'est en ce sens que, toutes choses égales par ailleurs, je vous invite à dérouler la très belle partie Crevat / Retière
Le mot du président