Tchizov/Georgiev, c'est toujours un évènement en soit.
A) BREF HISTORIQUE DES PARTIES GEORGIEV / TCHIZOV
Les dernières parties victorieuses de Georgiev se sont jouées sur deux thèmes : Roozengurg et Weiss, Georgiev ayant tendance, comme lors de leurs matchs, à éviter les parties classsiques, Tchizov acceptant, en revanche, d'aller systématiquement sur le terrain de son adversaire.
Mais à Delf, en restant sur le terrain des parties classiques, tchizov avait mis à rude épreuve Georgiev, l'emportant de manière convaincante dans l'une des parties et ne laissant qu'une remise inférieure et chanceuse à son adversaire.
Le décor est donc désormais entendu. Tchizov a fini par admettre que ce n'était pas la peine d'insister : il a du mal face à Georgiev quand on sort trop de la classique. Georgiev de son côté a compris que la classique, c'est la propriété de Tchizov.
Mais vous allez voir dans la partie qui suit que, parfois, on peut tomber dans le terrain d'un adversaire sans le vouloir ! La suite est réservée aux amateurs de parties classiques mais aussi aux autres, sur des choses qui sont faussement élémentaires.
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B) COMMENTAIRE DE LA PARTIE
La partie commmence par un 32-28 19-23X23.
Mais dès le 4e temps, Georgiev propose une partie Weiss à Tchizov, Giorgev prenant le rôle de l'enchaîné.
Refus de Tchizov qui va vers le centre. Georgiev va donc se mettre à brouiller les cartes, imposant à Tchizov des pions excentrés, de part et d'autre.
Voici un moment de destruction qui est sans doute une question de goût à ce stade du jeu, mais dont l'objet est surtout d'empêcher une construction classique que Georgiev préfère éviter quand c'est Tchizov en face.

Trait aux noirs
18. ...... 23-29
19. 33X24 22-28
20. ......18X20
Pourquoi pas ?!
Lapartie est débridée et il faut recommencer sans pouvoir imposer un système ou une étude. Il arrive que les joueurs créatifs procède ainsi afin d'obliher l'adversaire à jouer son propre jeu, sans pouvoir s'appuyer sur des précédants ou sur une idée préparée. Fondamantalement je ne trouve aucune sorte d'avantage ou de faiblesse dans un camp ou dans l'autre
21. 38-33 20-24
22. 42-38 5-10
Voici désormais la position.

Trait aux blancs
Nous sommes d'accord pour estimer qu'il y a rien de décisif dans la partie. Nous sommes sans doute aussi d'accord pour appeler cela une partie ultra-ouverte avec mille possibilités de choix de chaque côté.
Il n'empêche, même si nous ne voyons aucun danger, nous sommes d'accord pour convenir que nous n'aurions pas joué le 5-10 de Georgiev, en tout cas pas face à Tchozov. ce mouvement détruit inutilement la ligne de pionnage 3,9,14 qu'il faut conserver tant que l'on n'a pas pris d'orientation définitive.
Alors, nous allons prendre une leçon de partie classique, rappelant que l'on ne peut pas se contenter de dire JE NE VOIS PAS DE PROBLEME, ou IL N Y A RIEN.
23. 37-32 14-19
24. 32-28 10-14
On est en train de se retrouver dans la partie classique que voulait éviter Georgiev. Mais c'est quand même Georgiev ! S'il n'aime pas les classiques face à Tchizov, il n'en fait pas un drame.
25. 43-39 ! 12-18
26. 48-43 8-12
Tchizov a installé une rampe qui appuie le pion 28 et le rend inexpugnable. cela lui donne une légère supérioté en termes d'initiative, juste ce que les joueurs de haut niveau n'aime pas laisser à Tchizov.
27. 41-36 9-13
28. 47-42 18-23 ?
29. 38-32
Les noirs refusent de concéder purement et simplement le centre. mais ils acceptent l'enchaînement classique dans de mauvaises conditions, ne pouvant plus pionner la pièce 25 à cause de la rupture de la ligne de pionnage 3-9-14. Je ne suis pas convaincu par ce choix qui apparaît un peu incohérent au regard des coups précédents.
Rendons-nous directement au 32e temps
Voici la position désormais, cela va vers un bloquage.

Trait aux blancs
32. 50-45 !!
Cette manoeuvre est magique. A un moment où le blocage est une éventualité encore moyenne, Tchizov commence une manoeuvre destinée à accumuler des temps d'attente, tout en maintenant l'occupation des avant-poste !
32. ..... 7-12
33. 44-40 X50 !
Il y a une différence de deux temps de réserve.Georgiev vient de comprendre; dès le 38e temps, il crache rapidement un pion, c'est perdu.
Déroulez la partie. Vous verrez la différence avec les partie classique ultra-simplifiée consistant surtout pionner vers l'arrière à partir d'une position Barteling et à revenir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pions ou d'enjeu.
Ici, il y a mille subtilités à distance et vous voyez que même georgiev doit éviter les approximation comme le 22. 5-10.
Vous comprendrez aussi pourquoi il faut rendre à Tchizov ce qui lui appartient : il ne vous bouscule pas dit Ndjofang; mais à la moindre approximation, il vous punit ! On ne devient pas X fois champion du monde par chance.
A la Coupe DF à Lyon , alors que je lui parlais de la batterie de Tchizov, Mayinda m'objecta que si Tchizov était si fort que ça, il aurait été champion du monde 5 fois. Eclat de rire ! C'est pas 5 fois, c'est 10 titres !