Bonjour tous,
Décidément, les rondes se suivent et ne se ressemblent pas : après une géniale troisième ronde, une calamiteuse quatrième, la cinquième marque le retour de la qualité. La qualité de jeu des mondialistes reste excellente, malgré la tendance à un jeu plutôt prudent face à des joueurs peu ambitieux. Mais ce jeu prudent se justifie dans la mesure où, dans une phase de préparation au CDM, il serait démoralisant de se faire battre par un joueur de Nationale. Baliakine par exemple ne s'est pas encore remis de la défaite que lui a infligé le cadet Roel Boomstra (hé oui, celui qui a obtenu une remise miraculeuse face à Kevin), malgré le titre NK obtenu.
Les représentants de l'accession automatique (Praud et Arendo) maintiennent une qualité de jeu et un rang qui obligeront très vite la FD à réserver deux ou trois places au podium de la série inférieur.
Plusieurs parties mériteraient une analyse approfondie. Toutes furent jouées à un très bon niveau malgré de erreurs stratégiques lors de toutes les défaites.
C'est d'ailleurs cet aspect des choses que je vous invite à examiner pour cette belle ronde.
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Beyaert / Dusart (2/0)
Cette partie difficile est marquée par une approximation stratégique de Dusart que Beyaert va exploiter habilement pendant une vingtaine de temps.
Au 26e temps, dans une position d'enchaînement sans avantage particulier ni faiblesse, de part et d'autre, Dusart choisit un pionnage qui va induire es suites difficiles à gérer en raison de la précision que va exercer Beyaert.
DIAG

Trait aux blancs
27.30-24 ?
Ce coup est faible dans la mesure où il obligera les noirs à jouer de manière très précise à cause de la gêne que peut représenter le pion 29 si les noirs savent s'y prendre. Et les noirs vont jouer les coups justes !
29....13-19 !
Désormais les blancs doivent considérer que pendant longtemeps, leur flanc droit sera exclusivement passif. Il faut donc jouer avec une souplesse moindre et se préoccuper de maintenir une liberté de mouvement au centre et sur l'aile gauche.
Cette perception des choses va échapper à Dusart qui ne perçoit pas la nature des difficultés de cette position. A l'inverse, Beyaert a complètement conscience des enjeux de cette position. Il va jouer coup juste sur coup juste en face des tâtonnements des blancs.
Il faut illustrer ces tâtonnements par la position au 39e temps, trait aux blancs.
DIAG.

Trait aux blancs
39.50-45 ?
C'est difficile.
L'aile droite des blancs est déjà condamnée à la passivité. Avec le pion 40 (qui venait de 49) et 45 (qui vient de 50), elle est en plus désormais surchargée.
L'estocade est donnée en fin de partie avec élégance.
DIAG 52e temps

Trait aux blancs
52. .... 19-24 !
Il y aura encore quelques mouvements inutiles.
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Cordier / Arendo (2/0)
C'est une partie très technique sur le thème du blocage de l'aile dans la classique. Disons que, pour ce qui est de la compréhension, les noirs eurent un temps de retard sur les blancs.
Les difficultés s'annoncent dès le 35e temps, trait aux noirs. Il faut choisir entre 15-20 et 19-24. Analytiquement, les deux possibilités semblent correctes ; mais 15-20 possède l'inconvénient d'imposer aux noirs un jeu précis pour la suite, sans souplesse ni marge d'approximation. 19-24 permet de reconstruire après l'échange en remontant les pions 13 et 8 vers 19 et 13 successivement;
DIAG 35e temps

Trait aux noirs
35.….. 15-20.
Allons au 38e temps trait aux noirs
DIAG.

Trait aux noirs
38.….... 21-26 ?
Il aurait fallu jouer 9-14 afin d'introduire ensuite 11-17.
C'est le genre d'erreur auquel expose le choix sans souplesse du 35e temps. Il suffirait maintenant aux blancs de pionner par 37-31X31 pour que les noirs soient en perdition. On reconnait le thème en ce que, si les noirs construisent la colonne 8-12-17, cela ne servira à rien puisque les blancs joueront successivement 31-26 et le coup très thématique 36-31, verrouillant la partie grâce à l'avantage de deux temps de réserve.
C'est à peu près ce qui se passe dans la partie à la différence que les noirs comprennent à ce moment ce qui se passe. Mais c'est déjà trop tard. Même une Ghestem désespérée n'aurait servi à rien.
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Martin / Delmotte (2/0)
Voici une très belle et très difficile partie.
Le gain stratégique obtenu par Martin se construit sur une série de tout petits avantages lors de la 10zaine d'escarmouches notables. Je pense néanmoins que c'est l'orientation générale de la partie que Martin a mieux sentie que Delmotte à partir du 28e temps.
Du coup, le gain n'en est que plus méritoire.
DIAG

Trait aux blancs
28.36-31 !
Malgré les apparences, il ne s'agit pas d'une manoeuvre d'intimidation; les blancs annoncent qu'ils veulent la case 27 ; ils se préparent à jouer 41-36 pour cela. Il s'agit de la recherche d'un très petit avantage, mais il faut déjà le prendre.Cette case isole les pions 26 et 6 des noirs et le pion 27 sera très difficile à échanger
28.…....21-27
29.32X21 17X26
30.31-27 ! 22X31
31.41- 36
Rendons-nous au 34e temps, trait aux noirs.
DIAG
34.….... 13-18 ?
C'est un coup faible. Il faut bien comprendre qu'en venant chercher une confrontation au centre, les noirs qui ont trois ou quatre pions isolés concèdent la maîtrise du centre aux blancs qui, en plus pourront se servir des pions isolés (comme 26) pour appuyer leurs menaces.
Voyons le 40e temps trait aux blancs
DIAG

Trait aux noirs
40.33-29 ! 13-19
41.38-33 !
Maintenant, n'importe qui peut gagner avec les blancs !