La première ronde s'est jouée en trois parties en raison du règlement qui impose un vainqueur à chaque ronde. Ainsi, en cas de remise dans la partie lente, les joueurs poursuivent par une partie semi-rapide ; en cas de remise persistante, ils vont au Bltz de 10m+ ss (et éventuellement, en cas de nouvelle remise, série de blitz de 5mn + ss en système Georgiev).
1°) Il faut bien le dire, cette première ronde est enthousiasmante.
La partie lente fut un véritable régal. Alors que Schwarzmann avait choisi une ouverture avec centre massif

Trait aux blancs
…. Georgiev réplique au 17e temps avec le choix d’une violente partie d’encerclement.

Trait aux blancs
.
Georgiev a donc délaissé toute la panoplie des répliques traditionnelles qui s’offraient à lui :
• Il ne joue pas le pionnage 33-28X28 qui est une légère et provisoire concession du centre aux blancs ;
• Il refuse le coup d’attente 42-37 qui n’est pas passif, mais constitue une invitation à abattre les cartes ;
• Il n’opte surtout pas pour le prudent 31-26.
Le message est en partie psychologique : pas de concession, certes, mais pas de simplification. Une sorte de défi ! On verra qu’à la troisième partie, en blitz, c’est ce message poussé à l’extrême qui provoque la défaite de Georgiev.
Remise égale mais pas nulle !
__________________________________
2°) La partie semi-rapide m’a étonné.
Au 37e temps, trait aux noirs…

Trait aux noirs
et Georgiev joue
37. … 14-20 ?
Ce choix me paraît approximatif voire carrément faible. Georgiev annule pourtant sans forcer. J’avais critiqué un choix similaire par Gilles Delmotte contre Missans lors d’une édition du tournoi d’Avignon. Ce choix expose à une manoeuvre des blancs par 40-34 et 45-40(ou 39-34 et 43-39) qui risque d’immobiliser la masse de pions des noirs au centre. Je me demande si Schwarzmann n’a pas laissé du mou en jouant 40. 40-35 au lieu de 31-26. Manifestement, cela n’inquiètait pas bcp Georgiev. J’aimerais bien connaître l’avis de Damy.
En attendant, j’estime néanmoins qu’il vaut mieux jouer 1-6 dans la perspective 6-11, dans cette position. Evidemment j’en déduis aussi que Georgiev est encore plus fort que je ne le pensais et qu’il a un réel panache !
__________________
3°) Lors du bliltz, Georgiev a exagéré.

Trait aux noirs
Dès le 11e temps, il prend une position de pion taquin sur-développé qui demande une grosse vigilance (et donc du temps), face à un joueur de niveau égal. Sur l’attaque de Schwarzmann 14-20, il joue l’inutilement provocateur 11. 45-40. Il aurait mieux valu joueur 34-30 en tenant compte du chrono disponible et de la valeur de l’adversaire.
Par le choix de la partie, rien que pour éviter des fermetures défavorables en raison des problèmes de temps de réserves, les blancs vont devoir se creuser les méninges. face à un joueur de club, pas de problème (encore que...). face à Schwarzmann, c'est trop.
Ndjofang avait exagéré davanatage contre Valneris lors d’un tournoi de Cannes. Cherchant à réfuter la prohibition du double pion avancé, il avait installé un pion 24 et un pion 27, délibérément. Punition méritée…
Pour la suite, il faut tout de suite indiquer une chose. Toutes les rondes se terminent forcément par une victoire, en raison du réglement. Cette défaite n’est donc pas un véritable handicap pour Georgiev, même psychologiquement.
Par bikindouadelin
– le 13/05/13
à 02h43
Bonjour Faustin,
Les premières parties de ce match nous révèlent Georgiev tel qu'il a toujours été : trop sûr de lui. Pourtant, son adversaire n'est pas n'importe qui, mais Schwarzman, super GMI comme lui.
J'ai été étonné que Georgiev, dans la partie à cadence classique, recoure à l'encerclement, alors qu'au plus niveau ce système de jeu ne se pratique presque plus. Ce qu'on a vu, c'est que, après l'échange intervenu aux 17ème et 18ème temps, Georgiev n'a eu d'autre solution que de se défendre sans perspective de pouvoir retourner la situation à son avantage.
Sur le bliz, je partage votre proposition, pour le 11ème temps de Georgiev, de la variante 34-30, meilleure que la décision du jeu 45-40 prise par ce dernier.
Dans ce bliz, surtout après ce 11ème temps, Georgiev a offert une partie décousue, destructurée. Schwarzman l'a battu trop facilement et le fait que la cadence ait été très accélérée ne constitue pas une circonstance d'excuse pour Georgiev.
Georgiev est-il conscient de la valeur de Schwarzman? J'en doute : j'ai l'impression qu'il traite ce dernier comme un GMI ordinaire.
En tout cas, il faut se réjouir de ce que Schwarzman mène à l'issue de ce premier set des parties.
Georgiev doit maintenant nous prouver qu'il peut être supérieur à Schwarzman. Je crains qu'il n'y arrive jamais, ce pour les raisons suivantes.
Beaucoup d'observateurs semblent peiner à nommer le style de jeu de Georgiev. En fait, à l'instar de l'écrasante majorité des GMI actuels, Georgiev, fondamentalement, est plutôt adepte d'un jeu qu'on pourrait caractériser en parlant de jeu d'attente prolongée. Qu'est que le jeu d'attente prolongée? Ce n'est pas un jeu de concession territoriale, ce n'est pas davantage un jeu d'encerclement passif : c'est un jeu misant sur un placement approprié d'attaques. En cela le super GMI Georgiev se sépare du super GMI Tchizov qui, dans la lignée du super GMI Sijbrands, s'emploie systématiquement à rechercher la centralité positionnelle, caractéristique du jeu d'attaque (il y a désaccord entre Tchizov et moi sur la meilleure façon de caractériser son jeu; selon le multiple champion du monde, son jeu n'est ni d'attaque, ni de défense, mais de recherche de l'avantage sans aucune concession; à mon avis, l'observteur n'a pas à rechercher l'intention de jeu du damiste : il doit seulement examiner les structures des parties en tant que résultat de la mise en oeuvre de cette intention).
Evoquer le style de jeu traditionnel de Georgiev, c'est aussi pointer les terribles difficultés que celui-ci rencontrera dans ce match avec Schwarzman : Georgiev ne sortira pas vainqueur de ce match s'il reste prisonnier de son jeu d'attente prolongée, Schwarzman n'étant pas au nombre des damistes dont on guetterait facilement une faute ou approximation. Le champion du monde sortant devra donc jouer contre nature en s'employant à attaquer. La question, dès lors, est de savoir s'il pourra toujours ainsi éviter toute précipation