CDM 2013 : AKOI prêt à lancer des assauts
Par bikindouadelin
– le 06/06/13
à 04h30
– Informations
Après cinq rondes, le GMI guinéen AKOI, affecté au groupe A ou groupe Andreiko, totalise quatre points et pointe à la huitième place - sur dix places - au classement général.
Formellement, il s'agit d'un résultat négatif, dans la mesure où Akoi n'a pu réaliser la moyenne des points.
A l'analyse, la situation du damiste guinéen au sortir de la cinquième ronde n'apparaît pas critique. Cette conclusion est dictée par le fait que lors des parties qu'il vient de disputer, Akoi a eu à affronter des joueurs extrêmement redoutables, à savoir les super GMI Baljakin et Georgiev et les GMI Anikiev, Getmanski et Watoetin, lesquels sont au dessus des GMI intermédiaires. Akoi a fait jeu égal avec Watoetin, Baliakine, Getmanski et Anikiev sans jamais être techniquement dans une situation difficile. Il n'a perdu qu'une partie, celle l'ayant opposé au champion du monde en titre Georgiev. En réalité, Akoi n'a pas été battu par le champion russe, puisqu'il a perdu en raison du jeu de la pendule. A cet égard, il faut indiquer que le GMI guinéen a simplement oublié pendant de nombreuses minutes d'appuyer sur sa pendule, à un moment où la partie - parfaitement équilibré, ce que le logiciel Kingsrow a confirmé selon des précisions qui m'ont été données par Souleymane) était dans sa phase pré-finale (pour ne pas apparaître comme un adversaire de Georgiev, je ne mettrai pas l'accent sur le manque de fair-play de ce dernier qui n'a pas eu la classe d'avertir Akoi d'appuyer sur la pendule, là où Tchizov et Valneris, qui sont deux seigneurs, n'auraient misé que sur des arguments techniques pour essayer tant bien que mal d'enlever une partie trop équilibrée).
Par ses probantes remises avec ces GMI (je me refuse à considérer la perte de partie de Akoi face à Georgiev comme une défaite, dans la mesure où pendant plus de quinze minutes, le Guinéen a oublié sa pendule), Akoi fait honneur à son statut de vice-champion d'Afrique et de GMI.
Je dois faire un aveu : il y a trois semaines encore, je n'avais aucune précision sur le niveau réel de Akoi. J'ignorais certes pas que Akoi avait terminé deuxième lors du dernier championnat d'Afrique, et qu'il avait acquis le titre de GMI. Mais je ne possédais aucune évaluation serrée de la valeur technique de celui-ci. La manière relativement facile dont Akoi fut vaincu l'Ivoirien Atsé dans le finale de le dernier championnat d'Afrique m'encouragea pas à entrer dans une appréciation technique poussée des parties du Guinéen de façon à fixer son niveau.
Ce n'est que récemment, précisément dans la période du dernier match mondial disputé par Georgiev et Schwarzman, que je me suis résolu à noter, pour ainsi dire, Akoi. Cette résolution vint d'un échange que j'avais eu avec Souleymane, qui m'avait demandé de lui donner un avis technique sur la valeur des jeunes damistes africains devant prendre part au championnat du monde prévu dans quelques jours, à savoir Akoi, Ano, Atsé, Mariko et Mbongo. Après avoir analysé toutes les parties disponibles de ces jeunes, j'étais arrivé à la conclusion que Akoi était le meilleur d'entre eux : c'est cette conclusion que j'ai spécialement mentionnée dans ma réponse à un billet récent de Faustin (publié le mois dernier) sur les chances des Français et des francophones.
Les cinq parties disputées par Akoi depuis le début du championnat du monde rendent justice de mon jugement : le GMI guinéen est très solide, sinon il n'aurait pas fait jeu égal facilement avec les joueurs de haute valeur qu'il vient d'affronter.
Techniquement, si je devais caractériser le jeu de Akoi dans ce championnat, je dirai que Akoi privilégie la position classique. Mais le Guinéen pratique un jeu classique intelligent, ce qui prouve qu'il possède une maîtrise de ce jeu.
Au cours des dernières années, sur le plan international, le Haïtien Pierre est le damiste qui s'est le singularisé dans le recours systématique à la position classique. Mais il existe une différence d'approche entre Pierre et Akoi : le premier est dans la radicalité de la pratique de la position classique (sur ce site, j'avais antérieurement proposé un essai relativement avancé d'une systématisation du jeu de Pierre); le second conçoit surtout la position classique comme un développement toujours possible d'une partie (en cela Akoi peut être le précurseur en Afrique d'une nouvelle façon d'appréhender la position classique, alors que jusqu'ici les damistes de ce continent ressortissent à une pratique qui rappelle plutôt le style de jeu de Pierre).
Akoi, qui, incontestablement, connaît et comprend (c'est à dessein que j'emploie ces deux verbes qui traduisent deux qualités devant, dans un but d'efficacité pratique, se compléter) la position classique (loin de moi la prétention que le GMI guinéen pourrait déjà être comparé à Tchizov, Virny ou Bassirou Ba, qui n'ont plus à prouver leur expertise dans cette position), ne se contente pas, dans sa pratique, d'offrir un jeu de position classique correspondant à des variantes académiques éculées. En effet, il ne fait pas l'économie d'un choix élaboré, comme on n'a pu le constater avec sa décision du 38ème temps dans la partie l'ayant opposé à Getmanski.
Après avoir affronté avec efficacité les cinq meilleurs damistes de son groupe, Akoi peut désormais ambitionner une qualification pour la phase finale
A mon avis, eu égard aux qualités techniques prouvées face à Watoetin, Georgiev, Baliakine, Getmanski et Anikiev, Akoi est capable de vaincre successivement Mejia, Ganjargal, Nossov et Budis. Il doit maintenant lancer des assauts répétés afin de créer les conditions d'une qualification à la phase finale, qui reste possible. En effet, bien que possédant d'évidentes qualités, chacun des quatre derniers adversaires du damiste guinéen sont à sa portée. Tout en continuant à respecter les fondamentaux du jeu de dames, Akoi s'emploiera à développer un jeu élaboré et puissant. Concrètement, il devra se comporter comme un damiste baroudeur à la façon du meilleur Jean-Marc Ndjofang ou de Guntis Valneris de 2005. De cette sorte, il n'éprouvera, même en cas d'échec dans sa tentative d'admission à la phase finale du présent championnat, aucun regret.
Réponses
(3)
Par faustek
– le 06/06/13
à 11h46
Non, Adelin,
C'est vrai que j'ai aussi été agréablement surpris par Akoi sur le Damier. Et sa partie contre Georgiev a été parfaitement mené. Dommage qu'il ait été dissipé et que son adversaire ait préféré jouer sur règlement.
Mais il n'a plus aucune chance de se qualifier. Il lui reste à essayer d'accrocher la moyenne ou + 1.
Par SCHARCH
– le 06/06/13
à 16h08
Mr Bikindou
Je trouve vos posts parfois très pertinent et ce dernier l'est aussi , mais ou
je ne suis pas d'accord avec vous , c'est le rapport avec la pendule ! son
adversaire n'a pas à lui signaler que ce dernier à omis d'appuyer sur celle ci
A mon avis le degrés de concentration sur ces parties et optimal et les joueurs
ont autre chose à faire que de signaler à leur homologue qu'ils ont oublié d '
appuyer sur la petite pendule.
Amitiés
Par bikindouadelin
– le 07/06/13
à 01h52
Bonjour M. SCHARCH,
Je reconnais que la pendule fait partie du règlement d'une partie. Mais les joueurs sont libres de lui donner une certaine interprétation sans toutefois jamais le violer. Le fair play, c'est ce qui permet une telle intreprétation. Valneris ou Tchizov, à la place de Georgiev, auraient signalé à Akoi qu'il avait oublié d'appuyer sur la pendule. Georgiev est un champion du monde et il a l'obligation jouer comme un seigneur tout en se conformant au règlement régissant la compétition.
Je suis parfois choqué par le comportement de certains damistes, dont Georgiev.
Dans le dernier match mondial qu'il a disputé avec Schwarzman, le même Georgiev, dans la partie rapide de la première ronde, a, malgré l'offre nette de remise faite par son adversaire, a obligé ce dernier à poursuivre une partie qu'il savait ne plus pouvoir gagner. Georgiev s'est retranché derrière le règlement pour remporter à tout prix la partie. Pourtant, un blitz aurait suivi immédiatement après une remise dans cette partie rapide.
Quelques jours plus tard, dans le championnat du monde qui se déroule à cette heure, Georgiev se signale à nouveau, au cours de sa partie face à Akoi, par un procédé contestable que je n'hésite pas à qualifier d'anti-sportif.
En l'espace de moins d'un mois, un champion du monde - de surcroît en titre - commet deux actes anti-sportifs. Ce n'est pas bon pour l'image du jeu de dames.