C'est un des plus beaux casse-tête que j'ai découvert. Un jeu à lui seul, bien plus complexe que le "solitaire" et aussi intéressant que les meilleurs "Sokoban". Un coup de génie digne de Sam Loyd et une prouesse intellectuelle de Martin Gardner. C'est ce que j'ai vu de mieux en complexité de recherche même s'il manque, à mon avis, la beauté technique. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas une machine qui a pu réaliser cette performance ; cela me semble si surhumain ; c'est possible mais je ne le crois pas. Qui pourrait continuer à chercher jusqu'au bout?
Qui est l'auteur? Le nom de Norbert Parisot m'est inconnu. Je pensais à un pseudonyme. S'il reste en anonyme, c'est d'autant plus admirable. Dans le passé beaucoup de chef-d'eouvre étaient seulement dédiés en anonyme à une personne existante ou non. Ce n'est pas forcément un joueur de dames mais je pense qu'il sait jouer tout de même. L'auteur, s'il avait été joueur, aurait pu lancer le défi à quiconque de trouver la solution, étant encore, je pense, à l'abri des ordinateurs mais les grands problémistes sont très forts. Il faut poser le problème ainsi :
Norbert Parisot
Trait aux blancs
Faire damer les 40 pièces en évitant toute prise
De la position la plus difficile il faut arriver à placer les 40 dames ainsi.
Trait aux noirs
La solution donnée est en 389 coups. Pour ceux qui craqueraient avant, voir la solution sur "damier31.free.fr/huit/huit.html". Il y a peut-être d'autres possibilités en moins de coups. Si des personnes peuvent donner des informations sur ce casse-tête ou sur l'auteur, cela m'intéresse.
C'est un mécanisme intéressant qui mérite d'être connu et d'être gravé sur tous les supports.
Par Nicolas Doubovy
– le 09/09/13
à 17h19
J'ai enfin pu retrouver le numéro de l'Effort qui me manquait. Merci à Christophe pour l'info. L'article me semble très intéressante et mérite d'être retranscrite ici car elle date de 1995 :
PARTIE IMAGINAIRE - 40 DAMES SANS PRISES!
Par Norbert PARISOT, de Marseille
CADEAU DE NOEL...
Le 23 juin 1995, le Président de la FFJD recevait une lettre étonnante d'un Marseillais qui lui adressait un "casse-tête" extraordinaire et inédit.
"Le jeu de Dames offre des possibilités de se distraire sans le concours du moindre partenaire. Cette partie imaginaire en apporte une nouvelle preuve.
Les lecteurs de "l'Effort" pourraient s'amuser à obtenir un résultat semblable, à condition de ne pas leur donner la marche à suivre.
La réussite de ce problème "hors normes" n'est pas évidente. Il faut évidemment beaucoup de patience et d'imagination pour le résoudre, bien que le nombre de solutions soit incalculable. Ce n'est qu'un divertissement mais le jeu en vaut la chandelle."
Le déroulement de la "partie imaginaire" qui nécessite 389 temps (389 coups blancs et 388 coups noirs) vous laisse pantois, d'autant que la fin est un blocage total des 20 dames noires. C'est fabuleux, splendide, génial!
Le principe est simple : jouer aux Dames en conduisant les pions blancs et les pions noirs en évitant impérativement les échanges.
Le problème du passage des dames (noires et blanches) n'est pas nouveau et plusieurs Maîtres ont essayé.
- Le 31 août 1969, Jean SIMONATA de Nice écrivait à Henri KAHANE en présentant une marche amenant 12 dames... : "Suite à notre cordiale discussion au Palmarium à Perpignan, avec HISARD et DELHOM... où vous vous entreteniez des difficultés que vous éprouviez à amener dans une étude, en suivant les règles du jeu mais sans tenir compte de la position, une marche à 20x20 où l'on peut faire 2 dames, je peux vous affirmer que, après étude et sans coups intervertissables dans les variantes on peut facilement amener des marches pour faire 1, 2, 3, 4 ou 5 dames...
... Je vous adresse une marche où je fais 12 dames.
j'en envoie une copie à HISARD et DELHOM à titre d'information."
Nota : Norbert PARISOT et Jean SIMONATA démarrent tous deux par 33-29 et leur première dame arrive au quinzième temps (noire pour le premier, blache pour le second).
- Le 2 août 1975, Jean-Pierre RABATEL m'adressait un "PASSAGE de 16 dames sans échanges en partant de la position initiale à 20x20".
Nota : Jean-Pierre RABATEL débute par 33-28 et obtient sa première dame (blanche) au dix-septième temps, la deuxième au vingt-troisième temps.
Mais revenons à Norbert PARISOT (lettre du 26 août 1995) :
"C'est à la suite d'un défi de mon frère que je me suis penché sur ce problème. Il avait réalisé 6 dames et pensait que je ne pourrais pas faire mieux.
Dans un premier temps, j'ai réussi 10 dames après quatre heures de recherches. Cependant j'avais le pressentiment que l'on pouvait en faire beaucoup plus. Cette obsession me tracassait assez souvent. Aussi, quelques jours plus tard, je reprenais mon damier et me fixais sept jours pour avoir une certitude.
En fait, pendant six jours le compteur restera bloqué à 10. Je me retrouvais chaque fois devant le mur de Berlin. J'étais découragé car je persistais à croire que j'étais loin du compte. Il me fallait absolument ouvrir un circuit. Le septième jour, miraculeusement, javais la solution. Je ne pensais tout de même pas arriver à 40 dames mais au fur et à mesure le jeu s'avançait et je n'en croyais pas mes yeux. J'avais réussi au-delà de mes espérances, cette mission impossible au départ.
Près de 600 coups avaient été nécessaires. Il m'a fallu un bon mois pour descendre sous les 400 coups. Inutile de vous dire que mon frère ne m'a pas cru quand je lui ai annoncé la nouvelle.
Il me restait à faire une partie complète avec une fin originale - blocage de 20 dames. Par la suite, j'ai imaginé un autre épilogue : le suicide collectif d'un camp avec retour aux cases départ pour l'autre camp.
La première solution m'a paru plus élégante. Je vous adresse cependant la deuxième à partir du 378e coup.
Les perfectionnistes, plus qualifiés que moi, pourront trouver des parties plus rapides. Celle que je vous ai adressée est déjà très élaborée.
Le défaut de ce problème est la difficulté ; un véritable casse-tête réservé à une minorité. Il est riche de possibilités, la stratégie, la tactique et l'anticipation sont indissociables durant toute la partie car la moindre imprécision est fatale. Le problème a été résolu avec un peu de chance et beaucoup de ténacité."
Oui, beaucoup de recherches, un peu de chance et une grande satisfaction à la fin, je le pense.
Le mot du président