Perception du jeu chez les influenceurs

Par Philippe Jeanneret – le 06/10/20 à 08h36Divers

Encore une fois, et nous y sommes malheureusement habitués, le jeu de dames sert négativement de prose à un journaliste. Dans l'article
Pour sa transition énergétique, Engie mise sur une dirigeante issue du monde du pétrole
le journaliste écrit :
"La course de fond fut interminable et tumultueuse. Pendant longtemps, elle s'est apparentée à un jeu de dames. Parmi les candidates pressenties,[...] "
Autrement dit "ennuyeux et chaotique ==> sans intérêt et certainement pas stratégique"
Un autre article qui fait beaucoup de mal est celui de Vincent Desportes, général de l'armée et personnage respectable et très influent. Je vous laisse découvrir cet article intéressant mais malheureusement très négatif pour le jeu de dames La stratégie en théories. Je suis depuis en contact avec cette personnalité et nous entretenons une correspondance positive.
Réagir pour certains est une perte de temps. Je ne le pense pas. D'abord réagir c'est se tenir informé. Avoir une veille informationnelle. Relever tout ce qui concerne le jeu de dames pour prendre "le pouls". Et le pouls dans la société n'est pas reluisant. Alors que faire ?
Il faut s'ouvrir vers l'extérieur, le plus possible. Une des pistes qui demande que nous soyons plus nombreux à oeuvrer en ce sens est de toucher le monde des écoles supérieures, les universités ET les entreprises.
Le jeu de go a su formidablement jouer d'un vocabulaire parlant pour un chef d'entreprise. Adaptation, sacrifice, long terme, développement, ... Il a su créer les conditions de stage en entreprise pour que ce sport soit considéré positivement en occident.
Nous pouvons faire de même avec le jeu de dames. CHANGEONS DE PARADIGME !
Pour cela n'hésitons pas à intellectualiser plus le jeu de dames. Nous sommes souvent trop sur la démonstration d'une partie sans dégager les ressorts transposables à la stratégie d'entreprise (par exemple).
Encore une fois, si vous avez des idées pour décloisonner le jeu, merci de vous manifester, rentrer éventuellement dans la cellule COM (commission COM ). Le chantier est énorme, les idées ne seront pas toutes appliquables tout de suite mais certaines oui avec votre concours.
Philippe Jeanneret
vice-pdt Com et promotion

Réponses (10)

Par OB – le 06/10/20 à 11h13

Tout le dilemme vient de ce que l'on entend par "STRATEGIE".
Le jeu de dames est-il un jeu de stratégie ? Pas sûr. Du moins dans le sens que l'on lui attribue habituellement .
Aux jeux des échecs et au go, il faut échafauder un PLAN (stratégie) pour parvenir au gain. (comme à la guerre).
Au DAMES, l'objectif est la "CAPTURE", c'est à dire l'élimination des pièces adverses, qui se résout par une action combinatoire. (Même un simple échange de pion constitue une combinaison).

Pour simplifier, le jeu de dames est à la guerre un jeu primitif d'épuisement des forces de l'ennemi par la liquidation des soldats adverses.

Le jeu d'échecs paraît plus subtil car on peut gagner la guerre sans liquider les troupes.

Je crois donc illusoire de rechercher à faire gagner au jeu de dames la reconnaissance du statut de jeu de stratégie par excellence.

Prenons le jeu pour ce qu'il est, c'est à dire un jeu de réflexion dont la résolution n'est pas à la portée des capacités intellectuelles humaines, et qui nécessite de calculer plus en profondeur que pour élaborer une stratégie.

Par Philippe Jeanneret – le 06/10/20 à 14h31

OB, je ne suis pas du tout en phase ou d'accord avec ce que tu écris. Ça n'est pas bien grave puisque nous discutons, en particulier du mot stratégie. La stratégie est pour moi, et là, je suis d'accord avec Vincent Desportes, une dialectique de l'incertitude.
C'est parce qu'il y a de l'incertitude que nous établissons une stratégie et le jeu de dames ne peut être que classé dans les jeux stratégiques parce que justement il y a l'incertitude du résultat quelque soit le combat mais en particulier entre Maîtres de notre sport.
Inversement, prenez le Tic-Tac-Toe. Il n'y a pas de stratégie. Allons plus loin ... RISK n'est pas un jeu de stratégie. Pourquoi alors qu'on nous le présente comme tel.
"Et toi, à quoi tu joues"
- J'aime les jeux de stratégie, comme Risk

Risk ?! Pouah ! La stratégie ? Il y en a, mais si peu… Prenez l’Océanie et on n’en parle plus. ([Stratégies] Épisode I - Clichés et définitions. Alexis Beuve
Certains pensent que le poker est un jeu de hasard. Non, c'est un jeu stratégique... du moins si on veut gagner. Parce qu'il y a de l'incertitude et nous devons composer avec elle ainsi qu'avec notre adversaire.
La stratégie et j'aime beaucoup cette définition, c'est la dialectique dans l'incertitude, et en cela je suis d'accord avec Vincent Desportes. Là où il se trompe c'est lorsqu'il parle du jeu de dames tout simplement parce qu'il ne connaît pas ce jeu, du moins pas quand il écrit son article.
Il en gardé une vision simpliste véhiculée socialement.
Tu sais parfaitement que le but est de gagner, non pas d'éliminer toutes les pièces adverses. Ce serait tout aussi faux que de dire qu'aux échecs le but est de mater le roi. Non, pour les enfants, oui. Le but est de gagner et l'abandon est le résultat le plus fréquent sauf en Bullet.
Les enfants (aux dames) jouent jusqu'à la dernière pièce et n'acceptent généralement pas l'abandon. Ils veulent commettre le carnage jusqu'au bout, c'est tellement bon d'asseoir sa toute puissance juvénile conquérante.
Sa comparaison d'avec les échecs est grossière mais elle se comprend par l'image sociale du jeu de dames et par une pratique évidemment superficielle.
Il écrit : "La stratégie directe adopte une vision quantitative de l’ennemi, perçu comme une addition de forces dont la domination suppose une supériorité relative. Comme au jeu de dames, l’action est menée d’abord dans le champ matériel ; l’adversaire est compris comme un ensemble de capacités dont on recherchera l’anéantissement, avec une prédilection pour l’offensive et l’attaque frontale.
Je pense qu'aucun maître ne peut être d'accord avec cela et malgré mon modeste niveau, je ne peux être qu'en désaccord avec cela.
La responsabilité de cette erreur est collective, sociale et les joueurs de dames portent une responsabilité, .
"Tiens vous jouez aux dames"
- Oui
- Vous n'avez jamais pensé à jouer aux échecs ?

Tout est malheureusement là.
Le jeu de dames doit travailler à son image
Tes propos dont ta conclusion, sont pour moi surprenants pour un afficionado du jeu de dames.
Le jeu de dames est autre chose qu'un jeu de calcul. Il est le terrain d'une adaptation à un adversaire et une gestion de l'incertitude. C'est un jeu hautement stratégique.

Par OB – le 06/10/20 à 17h34

Philippe J,
Voilà ce que nous enseigne le Larousse dans sa définition de la stratégie :
"Dans la théorie des jeux, ensemble de décisions prises en fonction d'hypothèses de comportement des personnes intéressées dans une conjoncture déterminée."
Au jeu de dames, les joueurs formés ne prennent pas de décisions sur ce critère, pas plus qu'il ne cherche à construire un plan.
D'ailleurs quel plan pourrait-on imaginer au jeu de dames si ce n'est que d'avancer inéluctablement au contact des pions adverses.
La manière de le faire se résout un calcul précis des possibilités de mouvement des deux camps. Le plus fort est celui qui calcule le mieux et le plus loin.
Il en est de même pour le débutant comme pour le joueur averti. Une erreur dans le calcul ou une omission dans le calcul et c'est souvent la partie qui bascule.
Dire que le jeu de dames n'est pas un jeu hautement stratégique tel qu'on l'entend pour les échecs ou le go, n'enlève rien à l'intérêt d'y jouer.
Bien au contraire, nous savons qu'il faut être un grand calculateur pour progresser et gagner au jeu de dames. Il ne suffit pas d'avoir des idées ou de connaître des manières de jouer. On s'en rend bien compte lorsque on joue contre un programme informatique !

Par Philippe Jeanneret – le 06/10/20 à 19h10

Très franchement, je préfère me référer à des spécialistes en stratégie plutôt qu'un dictionnaire pour lequel la place allouée à un terme qui nécessite explication est bien trop faible.
Quant à ta perception du jeu de dames, il y a un fossé entre la tienne et la mienne malgré tout le respect que j'ai pour toi.
Dire qu'il n'y a pas de plan et que le jeu de dames n'est que calcul est en contradiction avec toutes les analyses et parties des GMI.
Et je suis convaincu que les maîtres du jeu en général sont d'un avis bien différent du tien. Le fait qu'un ordinateur calcule bien mieux et bien plus efficacement qu'un humain ne lui enlève pas ses lacunes stratégiques (Les progrès en IA gomment actuellement cela)
Ce qui me gêne dans ces propos c'est qu'ils desservent à mon avis le but que l'on se fixe, le changement de perception. Et il n'est pas dans mon intention de cacher sous le tapis quoi que ce soit quand je parle jeu de dames. C'est un jeu hautement stratégique. L'incertitude du résultat est toujours là et donc notre seule façon de lutter avec cette incertitude c'est d'avoir des plans de bataille.
Si tu n'en fais pas et que tu ne fais que calculer ... je suis certain que ce n'est pas une généralité chez les maîtres. Peut être t'ai je mal compris mais mon étonnement est grand !

Par OB – le 06/10/20 à 21h25

Philippe Jeanneret,
Laissons s'il te plaît, aux mots leurs définitions authentiques.
Ne diminuons pas toute la puissance de calcul nécessaire à la maîtrise du jeu de dames pour le réduire à un jeu de ruses, de plans d'attaque incertains ou de spéculations aléatoires.
Le jeu de dames est un jeu qui requiert des calculs et des connaissances théoriques qui permettent d'orienter et de faciliter par la simplification les opérations de calcul (schématisation).
Vantons les mérites de la puissance de calcul !
Axe la communication sur les spécificités réelles du jeu de dames, plutôt que de chercher à le faire admettre dans la cour des grands jeux de stratégie, un segment sur lequel il restera toujours à la traîne par méprise de ses attributs intrinsèques et réels.

Par JackyBruiant – le 07/10/20 à 08h24

Bon, Je ne sais pas, la tactique à adopter pour mener le jeu de dames au devant de la scène.
Toutefois, la stratégie qui consiste à systématiquement dénoncer les références négative du jeu sous prétexte d'une méconnaissance par l'auteur s'avère-t-elle une politique à valoriser le jeu?!

Elle reste une tactique du possible....

Bonne journée

Par Philippe Jeanneret – le 07/10/20 à 11h03

Jacky, mon but n'est pas de dénoncer. Cela, tu as raison, ne sert pas à grand chose.
Ma démarche dans ce domaine est d'abord de tenir une veille informationnelle dès que le jeu de dames est cité. Cela permet d'avoir un morceau de la perception à l'extérieur du jeu, chez les influenceurs (journalistes, conférencier, universitaires, etc.) Je ne crois pas que ce travail ait été initié avant. Ensuite et là rien n'est simple, trouver les éventuelles réactions appropriées. Dans l'exemple de M. Desportes, personnage très influent, faisant de multiples conférences, en particulier dans le monde de la stratégie y compris entreprenariale, il m'est apparu intéressant de prendre contact. Imaginez un jour qu'un conférencier cite le jeu de dames comme outil de démarche manageriale. Trop optimiste ...
Depuis trop longtemps, c'est simple, nous ne réagissons pas. Nous laissons dire, en particulier des contre vérités sur le jeu de dames. Exemple : le jeu de dames est résolu informatiquement. C'est faux ... mais c'est dit et redit dans les milieux influents.
Je me rappelle de cette pub terrible des années 90 (Relais jeux Descartes). Une carte postale d'un garçon envoyé à un ami qui disait "Ouah, ici, dans les relais jeux descartes, y'a des jeux extraordinaires et modernes...autre chose que les petits chevaux et les dames. À l'époque déjà j'avais réagi.
Je ne dénonce pas (de temps en temps je pousse un coup de gueule comme avec ma vidéo sur ce livre d'échecs "Les Échecs et l'Art de la guerre " affligeant. La vidéo)
Je constate et ensuite je me dis que faire ? Pas évident.
Perte de temps pour certains ...peut être mais les mauvaises graines semées depuis des dizaines d'années ont détruit l'image noble qu'avait le jeu de dames. Les joueurs ont insuffisament communiqué, la FFJD depuis longtemps ne communiquait pas (vers l'extérieur) ou très peu.
Je suis pour ma part volontairement offensif. Avec 326 licencié A ...je pense qu'il est grand temps !

Par LaurentG – le 07/10/20 à 12h57

Bonjour à tous.

Arrêtons de comparer le jeu de dames aux echecs.
Commencons déjà à se poser les bonnes questions.
1, J'ai déjà dit par le passé qu'il y avait trop de variante autour
de ce jeu avec des règles différentes, 2 fédérations en France ! Quand
tu apprend le 100 cases, et cela prend du temps, tu ne peux te
consacrer aux autres variantes. J'ai pour ma part aborder
le sujet au club et je vois bien que les joueurs et joueuses sont
perdu.
2 L'appelation de notre sport est vieille le comme le monde
pourquoi ne pas envisager de lui donner un coup de jeune
un truc qui pète genre Checktrac.
3 En ce, qui concerne le forum, il est trop stricte, tu as l'impression
d'etre dans une classe avec un prof ultra sévère, qui à la première
occasion te mets 2 ou 3 heures de colle. Rendons le
forum plus vivant avec humour et convivialité.
4 Donnons aussi la possibilité au novice venant ici de découvrir
des coups simples, sans aller les chercher. Je trouve que
l'aspect des pions sur les diagrammes est moche, les pions
étaient plus jolis avant. On n'a de la peine à faire la différence entre pion
et dame. Avant la différence était marquante.
5 Rendre les choses simples.
Bonne journée
Cordialement

Par OB – le 07/10/20 à 13h26

Voici deux extraits sur la perception du jeu de dames à deux époques différentes. Ils sont issus de deux livres anciens sur le jeu de dames qui ont souvent été réédités.

Le premier fut écrit par d'un des plus célèbres influenceurs du XVIIIe, sous la plume avisée de Manoury qui rapporte sa perception du jeu de dames comparé aux échecs :

"attention à la différence prodigieuse des deux jeux. Aux Echecs, chaque pièce a son nom qu'elle ne quitte point, sa marche qui ne varie point. C'est toujours le Roi, la Dame, la Tour,... On peut dire, si la Tour des Blancs joue ici, le Fol des Noirs, ou telle autre pièce jouera là. Quand ces pièces auront changé de place, elles seront encore la Tour, le Fol,... Celui qui prendra des leçons dans le livre, pourra retenir comment telle pièce doit avir quand telle autre a agi de telle ou telle manière.
Au Jeu de Dames où il y a vingt pièces de chaque côté, rien de distinctif ni dans le nom, ni dans la marche ; un pion est toujours un pion, un Dame toujours une Dame ; leur marche, quoique réglée en apparence, ne l'est plus dans certains cas, puisqu'elle est de plus ou moins de pas, suivant les prises à faire. Distingue-t-on les pièces par les numéros des Cases ; alors une variation continuelle succède à l'uniformité, chaque pièce à chaque coup change de nom ; les pion ou le Dame 2 devient en un clein d'oeil le pion ou la Dame 6, 10, 12, 50... Comment dans cette masse uniforme à la fois et mobile, dans ce chaos de pièces que rien ne distingue invariablement, indiquer une marche positive qui puisse être reconnue par la suite ? Pourrais-je faire remarquer dans la partie entière, comment il faut jouer tel pion, quand tel autre joué de telle façon, puis ce que je n'en peux désigner aucun par un nom fixe ? Celui que j'appelerai dans cette partie entière le pion 10 au sujet d'un avis qu'il faudra donner dans une certaine position, comment le reconnoître dans une autre partie ou le pion 10 n'existera plus, ou s'il existe, ce sera dans une position toute différente. Cela n'arrive pas aux échecs, les mêmes pièces se retrouvent à toutes les partie. Donc une partie entière au jeu de dames, ne peut pas servir d'exemple comme au jeu des Echecs."

Le deuxième texte fut écrit par Gaston Beudin début du XXe siècle. Voici comment il perçoit le jeu de dames à son époque :

"L'esprit du jeu se résume en justesse pour juger sainement, FACILLITE pour se décider promptement, ETENDUE pour embrasser à la fois les différentes parties d'un coup compliqué, SAGESSE pour ne pas sacrifier le solide au brillant, et surtout NETTETE et PRECISION pou ne rien confondre ; en un mot, ESPRIT DE COMBINAISON DU MOMENT qui embrasse d'un coup d'œil et comme d'une manière vague, mais cependant sûre, un grand nombre de cas dont quelques-uns peuvent lui échapper sans inconvénient, parce qu'il sont moins assujettis à des règles, qu'il ne le sont à une espèce d'instinct perfectionné par l'habitude."

Avant le XVIIIe on ne trouve aucun témoignage sur le jeu à 100 cases (dit Polonnais pour Manoury, et Franc pour Beudin).

C'est écrit on été largement diffusés et forment en quelque sorte, l'héritage de la perception commune du jeu de Dames qui influence les auteurs plus récents.

Par jp dubois – le 09/10/20 à 09h12

Bonjour à tous,
Je voudrais revenir sur le premier post de Philippe et attirer l’attention sur l’attente suivante :
« Il faut s'ouvrir vers l'extérieur, le plus possible. Une des pistes qui demande que nous soyons plus nombreux à œuvrer en ce sens est de toucher le monde des écoles supérieures, les universités ET les entreprises. »

Les entreprises font souvent appel à des cabinets extérieurs pour les aider dans le recrutement et le management d’équipes. Il y a un domaine qui est à mon avis encore peu exploré, ou dont on parle très peu, qui concerne tous les managers, c’est ce que j’appelle « la prise de décision en environnement incertain ».

Le jeu de dames se prête merveilleusement bien à cette problématique. C’est une piste à creuser.
Bien amicalement
Jean-Pierre