Le prénom de Manoury

Par plantin – le 20/10/20 à 11h44Divers

Bonjour,
Olivier dit ne pas connaître le prénom de Manoury. Pourtant, plusieurs forts indices lui donnent le prénom de ROBERT:
1°) La liste des limonadiers, des principaux cafés de Paris
2°) L'écrivain Restif de la Bretonne
3°) Le roman historique: La nuit de Varennes de Catherine Rihoit
4°) La Bibliothèque Nationale, elle -même

Dans la liste des limonadiers est indiqué: Robert, Café Manoury, place de l'Ecole.
Restif de la Bretonne donnait ses rendez-vous au Café Robert Manouri., au coin de la Place de L'Ecole au bout de la rue de l'Arbre Sec...
et quelques passages de ses NUITS (pages de la XVI° partie):
"17 au 18 avril 1791. J'appris au café Robert Manoury que le roi devait aller le lendemain à Saint-Cloud..."

L'Etat de la France, ou (sic?) l'on voit tous les princes, ducs et pairs... , page 751 html: Robert Manoury est cité .

En outre, sur la couverture même du manuscrit de Blonde " Coups brillans (!) et Fins de parties extraits d'un manuscrit intitulé Analyse du Jeu de Dames à la Polonaise par Blonde, Naturaliste, dit le Marchand de cure-dents,
l'auteur indique que l'on peut trouver son recueil chez "le Citoyen Robert, Café Manoury..."

Enfin et surtout, la Bibliothèque de France, la BNF attribue l'Essai sur le Jeu de Dames à la Polonaise, Paris, Knapen et Delaguette de 1770 (BNF Arsenal 8° S 16596), à son auteur: Robert Manoury.

Alors, je pense que nous pouvons opter pour Robert.

Cordialement,
JPP

Réponses (22)

Par OB – le 20/10/20 à 13h23

Bonjour Jean-Paul,

J'ai comme toi longtemps pensé que Manoury se prénommait Robert, mais je ne suis pas parvenu à le vérifier à l'état civil.
Je conserve un doute.
Le 18e siècle à aussi connu un Pierre Manoury, cité plusieurs fois.

Geneanet

Manoury

Il existe quelques confusions de nom entre Manoury et Manouri.
Je me suis aussi demandé si Manoury n'est pas un pseudonyme (sans être parvenu à obtenir la réponse formelle).

Cela dit, en effet le prénom Robert revient plusieurs fois.

Par plantin – le 20/10/20 à 14h15

Olivier,
Il n'y a nul doute que ce soit bien Robert Manoury du Café de l'Ecole quand le manuscrit de Blonde est publié en 1798. Les autres indices sont de la même période.
Il s'agit bien du même Manoury qui a publié son Traité en 1787 et le même en 1770 avec son Essai. La BnF l'indique bien.
C'est bien le même qui a acheté le Café de l'Ecole en 1760.
Le Pierre Manoury que tu cites (1732) est probablement un homonyme, voire un parent.

Une anecdote: Il semblerait qu'une fille de Manoury ait épousé Danton. Mais ce dernier s'est marié plusieurs fois.
On pourrait donc dire que Danton a probablement joué aux Dames (mais pas toujours de bois!).
JPP

Par OB – le 20/10/20 à 14h37

Jean-Paul,
Alors soit, va pour Robert.
Il eut mieux valu pour Danton qu'il rencontre Robert que Robespierre

Par Philippe Jeanneret – le 22/10/20 à 12h04

Bonjour à tous
Le N°5 de la revue "Le jeu de dames" revient sur les origines du jeu de dames en Europe. Où l'on y verra une remise en cause des écrits de Manoury. Je n'en dis pas plus ...

Par OB – le 22/10/20 à 15h48

L'histoire de l'origine "Française" du jeu de dames à 100 cases rapportée rapportée dans l'essai de Manoury en 1787 (sur des affirmations de La Condamine) a été contestée Par Arie van der Stoep dans son livre de 1984 " A History of Draughts" voir P.104.

Les éléments de contestation apportés par l'auteur de "Hiistory of draught" n'ont pas permis de contredire sérieusement les écrits de Manoury.

Merci Philippe pour ton annonce. Nous verrons ce que l'article à venir apportera comme éléments nouveaux.

Par Jacques CERON – le 22/10/20 à 17h39

A l'attention de O.B
Danton a eu maintes et maintes occasions de rencontrer Robespierre. Mais Georges contrairement à Maximilien n'était pas incorruptible.
Ce n'était pas une blanche hermine, loin de là.Son aisance pécuniaire avait des origines plus que douteuses.Voir à ce sujet la magistrale étude de Mathiez. On pourrait dire un peu trivialement qu'il "mangeait à plusieurs râteliers", lesquels n'étaient pas tous d'une
"propreté morale exemplaire".
Salut et fraternité..
J.C.
;

Par Alain Tavernier – le 22/10/20 à 23h43

Bonjour à tous
Je ne suis pas sur que Robert soit le prénom de Manoury, il s'agit plus là d'un nom de famille, en l'occurrence Pierre Guillaume Robert, limonadier à Paris qui aurait repris le café Manoury en en gardant le nom mais ajoutant le sien également, d'ailleurs entre ces deux noms il y a un trait d'union. La confusion provient du fait que Robert est à la fois un nom et un prénom. On allait donc au café Robert-Manoury.
Il me semble que Manoury se prénomme Pierre, j'ai du le voir mais ma mémoire me fait défaut pour en apporter la preuve !
Alain Tavernier

Par Alain Tavernier – le 23/10/20 à 00h07

Il me semble qu'à l'époque les prénoms n'étaient pas donnés, nous le savons avec Manoury, Blonde, Huguenin et bien d'autres, c'est donc aussi le cas pour Robert mais avec Gallica j'ai pu retrouver ses prénoms et compléter les morceaux du puzzle, je l'espère tout du moins !
Alain

Par OB – le 23/10/20 à 12h54

Bonjour à tous,

Les observations d'Alain Tavernier tombent bien à propos sur la question du topic et apportent du grain à moudre.
Il serait intéressant Alain que tu complètes en précisant les références.

@ JPP, tu indiques que Pierre Manoury serait un homonyme du Manoury qui nous intéresse.

Reprenons le texte de référence :

----------------------------------------------------------------------------------------------------
//////////"1732, 25 mai. - Contrat de mariage entre Paul Poisson, bourgeois de Paris, demeurant rue de
//////////l'Arbre-Sec, fils majeur de défunt Pierre Poisson (
//////////437), maître peintre, et de Marie-Ernestine Le
//////////Crom, épouse en secondes noces de Pierre Manoury, marchand limonadier, et Anne-Élisabeth
//////////Maurice, fille de défunt Marc Maurice, contrôleur de la maison de feu Monsieur et capitaine
//////////aux Cent-Suisses, et de Marie-Anne Fillot, demeurant rue des Moulins."
----------------------------------------------------------------------------------------------------

Il est bien précisé que Pierre Manoury était marchand limonadier.
Il se peut soit que Pierre Manoury ait précédé, le Manoury joueur de dames, en l'occurrence il pourrait être son père. (?),
soit il est le Manoury, auteur des ouvrages de 1770 et 1787, mais dans ce cas il devait être très âgé à l'époque où il imprima ses livres.

On va y arriver !

Par Alain Tavernier – le 24/10/20 à 11h30

Pure coïncidence, ce matin je reçois la revue De Problemist et je découvre en première page un petit article consacré au livre de Pierre Manoury qui fête ses 250 ans. Nos voisins Néerlandais en savaient donc plus que nous sur le prénom de Manoury. J'avais réussi à trouver suffisamment d'indices pour être sur de son prénom mais désormais le sujet me semble avoir trouvé son dénouement !!!

Par plantin – le 24/10/20 à 13h59

Bonjour Olivier,
Pour en revenir au contrat de mariage de Paul Poisson le 25 mai 1732, dans lequel il est précisé que sa maman était l'épouse en seconde noces de Pierre Manoury Limonadier, je me demande s'il n'y a pas incompatibilité avec les dates.
Si ce Paul s'est marié disons à 20 ans, Pierre Manoury de la génération précédente devait avoir environ 20 ans de plus, ce qui lui aurait donné 40 ans à peu près , ce 25 mai 1732.
Le Manoury qui nous intéresse a été, semble-t-il, garçon dans l' Etablissement qu'il a acquis en 1760 (si c'est Pierre, il aurait eu au minimum 68 ans), avant d'éditer son Essai en 1770 (il aurait donc eu au minimum à peu près 78 ans) et son Traité en 1787.
En outre, ce Pierre limonadier, n'aurait pas eu besoin de La Condamine pour tenter de connaître le développement du jeu international sous la Régence. Il aurait été directement au courant.
Il est possible qu'il ait porté le prénom de son père (si c'est effectivement le sien?), mais rien n'en fournit la preuve.

Pour en revenir à l'ouvrage de 1770, présenté par la BnF d'Essai dont l'auteur est Robert Manoury, se serait-elle fourvoyée?
Il serait intéressant de connaître les sources de la Bibliothèque Nationale!

Une chose importante aussi: En février 1776, Turgot, contrôleur général des finances, obtint du roi Louis XVI la suppression des communautés de métiers; l'Édit de Turgot de 1776 supprimant les corporations, souleva d’emblée de très fortes résistances. Le Parlement de Paris refusa de l’enregistrer et il fallut un lit de justice, le 12 mars 1776, pour l’y contraindre. Ces difficultés provoquèrent la disgrâce de Turgot qui fut révoqué par le roi le 12 mai suivant. Un nouvel édit d’août 1776 rétablissait l'organisation corporative des secteurs concernés, mais il en réduisait le nombre et imposait des règles nouvelles qu'il étendait à de nombreuses autres communautés professionnelles (métiers réglés, métiers banaux). La mise en œuvre de ce nouvel édit dans tout le royaume n’était pas achevée lorsque le décret d’Allarde supprima, de manière définitive, les corporations en 1791.
Donc, à cette date, il n'y a plus de Maître limonadier (tout au moins la Corporation), mais la Profession est demeurée.

Enfin, Il y a une quinzaine d'années, M. Alain Huguin avait effectué des recherches sur Manoury en se servant d'Actes Notariaux et de Successions. Il m'avait dit qu'il était sur le point d'aboutir dans cette quête...mais ne me donna pas ses conclusions!
Cordialement,
JPP

Par OB – le 26/10/20 à 13h35

@Plantin
Voir mon précédent message concernant les déductions possibles concernant l'âge de Pierre Manoury, Marchand Limonadier. Le café Manoury existait bien avant 1760. En effet la scène de Vaujuas représentant l'intérieur du café de Manouri(y) et des joueurs de dames fut publié 1756. Manoury s'est inspiré d'une note de Laclef qui avait vu jouer au dames à 100 cases pour la première fois vers 1727 soit un peu avant l'acquisition du café Manoury.
Il ne me semble donc pas incompatible que Manoury se prénomma effectivement Pierre et pas Robert.
Il sera plus difficile de trouver les prénoms des premiers champions du 18ème, Laclef et Marchand, mais aussi, de Tavernier qui aurait joué le premier à ce jeu à la place Dauphine. (selon Manoury, auteur et éditeur du traité de 1787).

Par Alain Tavernier – le 28/10/20 à 11h40

Autres éléments allant dans le sens du prénom Pierre.

Vu sur Gallica. Etrennes de l’année 1814 aux Limonadiers. A la page 39 on peut voir les membres du bureau de la communauté des limonadiers, y figure Pierre Guillaume Robert, habitant café Manoury, quai de l’école !!!

Vu sur le site de Francearchives.fr : Contrat de mariage de 1787 entre Pierre Guillaume Robert demeurant rue du quai de l’école et Anne Marie Michelle Bitouzé ! https://francearchives.fr/fr/search?q=pierre+guillaume+robert

Serge Yushkevitch a publié un article sur le café Manoury (voir le lien), dans son article le prénom de Manoury est également Pierre ! https://plus.gambler.ru/tavlei/other/hist_5.htm

Par pmenu – le 29/10/20 à 17h06

bonjour à tous
je me permets de m'immiscer dans cette discussion entre érudits
que sait-on de Manoury qui soit vérifié ?
date et lieu de naissance , du mariage ( ?), du décès ?
idem pour son épouse éventuellement

le vrai souci est la destruction des registres d'état civil de Paris sous la commune
lors de l' incendie de l' Hôtel de Ville
ces registres sont tenus en double exemplaire à Paris comme ailleurs
le second exemplaire était donc conservé au Palais de Justice .......incendié lui aussi

quant à Manoury présenté comme marchand limonadier , je constate qu' il savait certes lire, écrire et compter ,
mais aussi rédiger un ouvrage pertinent , structuré , dans un style quasi littéraire
nous sommes en présence d' un lettré de très bon niveau pour son époque
cdlt
pierre

Par pmenu – le 29/10/20 à 18h01

sur la page de garde du Traité de Manoury , nous lisons " A PARIS Chez l' AUTEUR Quai de l' Ecole "

par le plus grand des hasards je découvre le document suivant , lequel est une fiche d' identité établie sous la Terreur

Côte du document : 67384
Carton : F7/4799
N° : 88
Date (Année, mois, jour) : 930429
Nom : MANOURY
Prénom : Pierre
Age : 63
Profession : Vivant de son revenu
Domicile actuel : Quai de Lécole
Domicile précédent : Rue de la Vannery
Insee domicile précédent : 75056
Date arrivée Paris : Depuis 1742
Ville naissance : Pontaudemer
Ville naissance réelle : Pont-Audemer
Insee ville naissance : 27467
Département : Eure
Signature (o/n) : O
Observations : Section du Louvre, 6ème compagnie
Relevé effectué par : Bibliothèque Généalogique et d'Histoire Sociale de France
Les cartes de sûreté, instaurées sous la Terreur, ont été établies à Paris entre 1792 et 1795. Elles étaient, avant l'heure, des cartes d'identité permettant aux habitants de Paris (hommes de plus de 15 ans) de circuler librement. Chaque citoyen devait se présenter accompagné de deux témoins à son Comité de surveillance (ou d'arrondissement après 1794). Celui-ci, après enquête, établissait le document en y mentionnant l'âge, la profession, l'adresse et le lieu dont était originaire le citoyen.

Par pmenu – le 29/10/20 à 18h02

sur la page de garde du Traité de Manoury , nous lisons " A PARIS Chez l' AUTEUR Quai de l' Ecole "

par le plus grand des hasards je découvre le document suivant , lequel est une fiche d' identité établie sous la Terreur

Côte du document : 67384
Carton : F7/4799
N° : 88
Date (Année, mois, jour) : 930429
Nom : MANOURY
Prénom : Pierre
Age : 63
Profession : Vivant de son revenu
Domicile actuel : Quai de Lécole
Domicile précédent : Rue de la Vannery
Insee domicile précédent : 75056
Date arrivée Paris : Depuis 1742
Ville naissance : Pontaudemer
Ville naissance réelle : Pont-Audemer
Insee ville naissance : 27467
Département : Eure
Signature (o/n) : O
Observations : Section du Louvre, 6ème compagnie
Relevé effectué par : Bibliothèque Généalogique et d'Histoire Sociale de France
Les cartes de sûreté, instaurées sous la Terreur, ont été établies à Paris entre 1792 et 1795. Elles étaient, avant l'heure, des cartes d'identité permettant aux habitants de Paris (hommes de plus de 15 ans) de circuler librement. Chaque citoyen devait se présenter accompagné de deux témoins à son Comité de surveillance (ou d'arrondissement après 1794). Celui-ci, après enquête, établissait le document en y mentionnant l'âge, la profession, l'adresse et le lieu dont était originaire le citoyen.

Par Philippe Jeanneret – le 30/10/20 à 22h39

Bonjour Pierre
Un hasard ....dirigé. Super recherche. On en sait enfin bien plus sur Pierre Manoury.
Merci à tous ceux qui ont apporté leur contribution dans ce post.
J'ai une question Pierre : où est située la source? Quelle bibliothèque ? Quelle archive?
Merci pour la réponse
Philippe j.

Par Philippe Jeanneret – le 30/10/20 à 22h59

J'ai trouvé cela sur data.bnf.fr sans autre renseignement. (Début de recherche pour moi)
Pierre-Guillaume Manoury (1740-1825)
Rien d'autre sur la fiche trouvée

Par Philippe Jeanneret – le 30/10/20 à 23h08

Ce n'est en fait pas le même. Notre Manoury serait né d'après la note de Pierre Menu en 1730. Je vais laisser les historiens faire ...

Par OB – le 30/10/20 à 23h09

Tout cela est intéressant car si Pierre Manoury avait 63 ans en 1793, il ne saurait être la même personne que le ¨Pierre Manoury qui lui a précédé (puisque le café Manoury existait depuis les années 1730). Cela va dans le sens de l'hypothèse que le café de Pierre Manoury (le père), aurait été repris ou poursuivis par son fils (ou un parent) dénommé lui aussi Pierre Manoury qui exerçait comme garçon du temps de son père.

Par pmenu – le 31/10/20 à 14h00

à l' attention de Philippe

ma source est le site Geneanet : très utile et même indispensable pour les généalogistes
ce site est nourri d' informations de toutes origines (cf pour cette fiche la BIBLIOTHEQUE mentionnée au dernier § )

le patronyme Manoury ( + variantes ) est assez répandu dans l' Eure aux 17è et 18è siècle
pour poursuivre nos recherches il faut consulter les registres paroissiaux de Pont-Audemer
aux archives départementales ; lesquelles sont en ligne
1730 pour la naissance est approximative , ( j' ai déjà constaté un écart de 4 ans pour une aieule à cette époque )

Par Philippe Jeanneret – le 31/10/20 à 18h23

Grand merci pour ta réponse Pierre